La dirigeante du KCK, Besê Hozat, a déclaré que les Kurdes attendaient des mesures concrètes contre la Turquie et non des paroles
Besê Hozat, coprésidente du Conseil exécutif de la KCK

La co-présidente du Conseil exécutif de la KCK, Besê Hozat, a évalué la déclaration du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies sur l’isolement et a déclaré que les Kurdes attendaient des mesures concrètes contre la Turquie et non des paroles.

S’exprimant lors d’une émission spéciale diffusée sur la chaîne d’information Medya Haber, la coprésidente du Conseil exécutif de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK, organisation faîtière du mouvement kurde), Besê Hozat, a évalué la déclaration du Comité des droits de l’Homme de l’ONU sur l’isolement imposé par la Turquie au dirigeant kurde Abdullah Öcalan et déclaré : « Les Kurdes en ont assez des déclarations. Aujourd’hui une déclaration des Nations unies, hier du CPT. Demain, il y en aura une autre de la CEDH. Le lendemain, il y aura le Conseil de l’Europe, l’Union européenne, les États-Unis. Les Kurdes attendent des mesures concrètes et pratiques de la part de ces instances, pas des mots. »

Manifestations au 24e anniversaire de l’emprisonnement illégal d’Abdullah Öcalan

« Le 15 février est un jour noir pour les Kurdes. C’est un jour de génocide. Le but de la conspiration internationale [attaques contre le mouvement de libération du Kurdistan commençant par l’emprisonnement illégal d’Abdullah Öcalan le 15 février 1999] est de finaliser le génocide des Kurdes. Par conséquent, je voudrais condamner les forces internationales derrière la conspiration. La conspiration internationale se poursuit sous diverses formes depuis 24 ans sans interruption. Elle se poursuit sous la forme des attaques génocidaires au Nord-Kurdistan [Est de la Turquie], l’occupation et les attentats génocidaires au sud du Kurdistan [nord de l’Irak] et l’occupation et les attentats génocidaires au Rojava. Elle se poursuit sous la forme d’assassinats, de meurtres politiques et de massacres en Europe. Mais il y a aussi une lutte acharnée contre la conspiration internationale.

Il y a eu une lutte ininterrompue depuis 24 ans maintenant. Sur la base de la résistance de notre leader Abdullah Öcalan, de notre peuple, de la guérilla, des femmes et des jeunes, cette lutte se poursuit de manière très glorieuse à travers le monde. La résistance et la lutte contre le complot international qui se poursuit depuis 24 ans ont empêché le complot d’atteindre ses objectifs et l’ont ainsi vaincu. Cette lutte a rendu le mouvement beaucoup plus grand et plus fort. Elle en a fait un mouvement régional et universel. Aujourd’hui, les puissances internationales sont contraintes de prendre en compte le mouvement kurde pour déterminer leur politique dans la région. Les régimes de statu quo de la région sont également obligés de prendre en compte le mouvement. Cette situation est apparue à la suite de 24 années de lutte contre le complot. Cela montre aussi clairement que la conspiration a échoué. Les forces derrière la conspiration internationale ont été démasquées et tous leurs plans pour détruire le mouvement ont échoué. »

Les Kurdes en ont assez des paroles

« En ce qui concerne l’isolement des dirigeants, le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies a récemment déclaré que’ il y avait une absence totale de communication et que cela devait cesser ». Ils ont été contraints de faire une telle déclaration en raison de la lutte en cours. Cette lutte oblige ces institutions internationales à dire cela. En fait, ils font tous partie de la conspiration internationale. Les États-Unis, le Royaume-Uni, Israël et les pays européens y ont pris part. De nombreux États membres de l’ONU ont été impliqués. De nombreuses puissances, de la Russie à l’Égypte en passant par l’Iran, ont pris part à cette conspiration. La Grèce y a également joué un rôle actif. Le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, qui comprend tous ces États et la Turquie, a maintenant fait une telle déclaration à la suite de la lutte qui se déroule depuis 24 ans. Après que les avocats aient déposé une requête, ils ont dû faire cette déclaration. C’est bien sûr important. C’est un signe que nous obtiendrons certainement des résultats si nous continuons notre lutte.

Ce que le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies appelle un état d’absence totale de communication est en fait un isolement total. Maintenant, ils doivent prendre des mesures pratiques. L’ONU doit adopter une attitude sérieuse et pratique à l’égard de la Turquie. Elle doit appliquer des sanctions. C’est ce que nous attendons des instances internationales. Le CPT a déjà fait des déclarations similaires. En septembre 2022, le CPT s’est rendu à İmralı mais n’a fait aucune déclaration par la suite. Il y a beaucoup d’allégations douteuses, beaucoup d’informations. Il n’est pas clair si le CPT s’y est réellement rendu ou non, comment il s’y est rendu ou comment il y a établi des contacts. Beaucoup d’informations à ce sujet ont circulé récemment. De nombreuses informations sur la santé de notre leader ont également été diffusées.

Le CPT n’a pas encore fait de déclaration concrète et claire. Les Kurdes en ont assez des déclarations de toute façon. Que ce soit les Nations Unies ou le CPT. Demain c’est la CEDH et après-demain c’est le Conseil de l’Europe, l’Union européenne, les Etats-Unis d’Amérique, etc. Les Kurdes en ont vraiment assez de ce genre de propos. Notre peuple et notre mouvement attendent des mesures concrètes et pratiques de la part de ces pouvoirs.

Le système d’isolement et de torture à İmralı doit être brisé. Ce système est contraire aux droits de l’homme universels, au droit international et aux conventions dont la Turquie est signataire. C’est un crime contre l’humanité. Le Conseil de l’Europe ne devrait pas être complice de ce crime contre l’humanité. Les Nations Unies, les États-Unis et toutes les forces qui sont responsables de ce complot ne devraient pas l’être non plus. Ils ne devraient pas rester les bras croisés et simplement regarder le génocide kurde. C’est ce que le Kurdes attendent d’eux.

Il y a la manifestation que les députés mènent depuis des semaines devant le parlement turc. Cela a créé une sensibilité très importante et sérieuse de l’opinion publique. De plus, le 6 février, il y aura des manifestations à Gever, Qoser et Gemlik. Je tiens aujourd’hui à saluer ce mouvement de protestation. C’est très important. Mais ces manifestations ne doivent pas se limiter à Gemlik et Qoser. Le 15 février approche. Par conséquent, les protestations contre le complot doivent avoir lieu au Kurdistan et à l’étranger de manière vigoureuse et ne doivent pas s’arrêter. Nous devons faire de 2023 une année au cours de laquelle nous assurerons la liberté physique de notre leader ».

Nous rendons hommage aux martyrs qui se sont immolés, mais ces actions ne doivent pas se reproduire

« Des personnes ont choisi de s’immoler pour protester contre la conspiration internationale. De nombreux camarades et patriotes ont mis le feu à leur corps dans le cadre des manifestations « Vous ne pouvez pas assombrir notre soleil ». Récemment, deux de nos chers patriotes se sont immolés en signe de protestation. Nous nous souviendrons toujours d’eux avec respect et gratitude. Mais de telles formes de protestations ne devraient pas se reproduire.

Cette méthode n’est pas approuvée par Abdullah Öcalan. En tant que mouvement, nous avons la possibilité de lutter partout. Il existe de nombreuses façons et méthodes pour mener notre lutte. Nous devons choisir des formes d’action qui nuisent à l’ennemi, l’État turc. Nous ne devons plus recourir à des actions nous nuisent. C’est important. En février et dans les mois suivants, nous devons accroître la lutte et la résistance partout. C’est ainsi que nous pouvons donner la réponse la plus correcte et la plus significative. Il me semble important de souligner tout particulièrement ce point. »

La guerre acharnée et les crimes de guerre de la Turquie au Sud-Kurdistan se poursuivent

« La situation n’est pas comme voudrait le faire croire le ministre turc de la Défense Hulusi Akar. Il a déclaré que « l’opération Griffe-Serrure » était terminée. Mais ce n’est pas vrai. Les attaques continuent. Il y a des affrontements violents à Zap, Metîna et Avaşîn en ce moment. L’État turc  attaque chaque jour avec des armes chimiques. Il a doublé son utilisation d’armes chimiques là-bas. Il utilise des armes chimiques tous les jours dans une vallée étroite. Et il continue d’utiliser des armes nucléaires tactiques. Il utilise encore beaucoup d’armes interdites. Les attaques d’invasion ne sont donc pas terminées.

Les pertes de l’armée turque sont très élevées. Ils ont vraiment subi des coups énormes. Ils ne savent plus quoi faire. Ils ont des milliers de morts et de blessés. L’armée turque a donc vraiment subi une grande défaite. La guerre à Zap se poursuit toujours avec une pleine intensité. Dans la vallée appelée Çemço, la guerre continue avec toute son intensité. Malgré l’utilisation intensive d’armes chimiques interdites là-bas, ils n’obtiennent aucun résultat. Les familles des soldats morts et diverses organisations ont fait une déclaration l’autre jour. Il est clair que ces familles deviennent plus actives.

Il n’y a pas de funérailles parce que leurs enfants ont disparu. Ils sont morts à la guerre, mais aucune explication n’est donnée à leurs familles. Maintenant, les protestations des familles se multiplient. Elles se sont adressées à plusieurs reprises au HDP, aux organisations de la société civile et aux organisations de défense des droits humains. Ensuite, les représentants de l’État turc sont intervenus. Ils leur ont versé de l’argent et les ont menacés, les empêchant ainsi d’avancer dans leur quête. De toute évidence, l’État turc n’a rien obtenu dans cette guerre. Il continuera à insister sur la guerre. Mais quoi qu’il fasse, il n’est plus possible d’obtenir des résultats. Cette guerre a été une nette défaite pour l’État turc. Nos amis ont résisté héroïquement et nous en avons payé le prix fort. Nous avons fait échouer les plans de l’État turc en 2022. Désormais, il est incapable de sortir de son blocage. Il avait fait un plan d’occupation très complet.

Ce plan contre le Kurdistan du Sud a reçu un sérieux coup. L’État turc commet toutes sortes de crimes de guerre dans les zones où il est coincé. Par conséquent, mettre l’utilisation d’armes chimiques à l’ordre du jour demeure important. Il y a eu un débat public sérieux sur cette question et cela doit continuer. L’État turc commet des crimes de guerre très graves, des crimes contre l’humanité. La lutte doit continuer. Nous devons dénoncer l’Etat turc sur cette question. Nous devons lutter et tenir l’État turc responsable de cela de toutes les manières possibles. »

Changement inévitable en Iran en raison de la révolution des femmes

« Il y a eu une résistance ininterrompue menée par des femmes depuis des mois. Cela a conduit à de grands changements sociaux et à une transformation. L’État iranien ne restera pas comme ça. Il y aura certainement de sérieux changements en Iran. Nous en verrons les effets beaucoup plus clairement à l’avenir. Les luttes des femmes ont vraiment acquis un caractère régional et universel. En d’autres termes, elles changent le monde. Abdullah Öcalan avait dit « Le 21ème siècle sera le siècle des femmes ». En effet, le 21ème siècle est déjà devenu le siècle des femmes. Désormais, sous la houlette des femmes, les sociétés se lèvent, l’humanité se lève. C’est très important. En d’autres termes, la société est ressuscitée. Partout, les revendications de liberté, d’égalité, de justice et de démocratie s’élèvent haut et fort et les femmes ouvrent la voie.

Les femmes vont vraiment changer le monde. Elles libéreront et démocratiseront le monde. Les femmes mèneront la révolution dans la région en particulier. Elles seront l’avant-garde de la révolution démocratique au Moyen-Orient. On le voit très concrètement au Kurdistan depuis des décennies. La lutte pour la liberté des femmes kurdes au Kurdistan a sérieusement influencé et mobilisé les femmes de la région. Aujourd’hui, le centre où cela s’est intensifié est l’Iran et le Kurdistan. L’État ne peut aisément contrecarrer cette évolution là-bas. C’est pourquoi il augmente la pression. Il essaie de créer la peur au sein du peuple avec sa politique d’exécution, essayant de briser la volonté de la société. Mais ces politiques de violence ne donneront aucun résultat. Ce régime n’obtiendra aucun résultat avec des exécutions. Cela ne fera que mettre le régime dans une impasse encore plus profonde. Par conséquent, ces politiques doivent être abandonnées.

La politique d’exécution est l’une des pratiques les plus brutales au monde. C’est un crime contre l’humanité. Le régime doit arrêter cela. Nous sommes au 21e siècle. Partout, les gens sont debout. Les femmes sont debout. Ils veulent la liberté, la justice et l’égalité. Personne, aucun pouvoir étatique ne peut empêcher cela. Pas l’Iran, pas la Turquie. Les autres États non plus. Il y a une prise de conscience très sérieuse. Le monde est devenu un petit village. Un développement dans une région affecte les autres régions, ce qui conduit à une synergie et à renforcement mutuel.

Abolir les lois d’exécution, c’est prendre la démocratisation comme base. L’Iran ne peut sortir de cette impasse que par la démocratisation. Si l’Iran se démocratise, s’il reconnaît les droits des femmes, des jeunes, des Kurdes, des Baloutches, des Arabes, des Perses, autrement dit de toutes les identités vivant dans le pays, l’Iran deviendra vraiment un exemple pour la région. Elle deviendra la puissance la plus démocratique de la région et l’État le plus puissant. »