Halise Aksoy, une mère endeuillée dont le corps du fils, Agit İpek, lui a été livré par courrier dans une boîte, a été condamnée à six ans et trois mois de prison pour « appartenance à une organisation », uniquement sur la base des déclarations d’un témoin rémunéré, Ü. A.
Le 10 février, la 10e chambre de la cour d’assise de Diyarbakır a rendu son verdict, s’appuyant exclusivement sur les témoignages de Ü. A. et de S. K., un autre témoin entendu lors de l’enquête mais non convoqué lors du procès.
Les déclarations des témoins prétendaient que le domicile de Mme Aksoy servait de « maison sûre » pour les membres de l’organisation, allégations retenues comme preuves suffisantes pour sa condamnation. Le tribunal a également mentionné que les enfants de Mme Aksoy avaient rejoint l’organisation et que sa maison était prétendument utilisée comme lieu de réunion.
Necat Çiçek, l’avocat de la défense, a annoncé son intention de faire appel. Il a souligné que les déclarations de Ü. A., qui a témoigné contre des centaines d’individus, avaient été obtenues de manière illégale. De plus, il a révélé que l’avocat qui avait signé le procès-verbal de la déposition de Ü. A. était en réalité présent à une autre audience au même moment, ce qui soulève des questions sur la régularité du procès.
L’avocat a également critiqué le caractère motivé politiquement du verdict, indiquant que d’autres jugements similaires avaient abouti à des acquittements lorsque les déclarations de Ü. A. constituaient la seule preuve, jugées peu convaincantes par les tribunaux. Il a déclaré que le verdict n’était pas juridiquement justifié mais dicté par des motifs politiques, en raison de l’appartenance du fils de Mme Aksoy au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de sa mort en tant que militant.
Le cas de Halise Aksoy soulève des questions sérieuses sur l’équité des procédures judiciaires et l’usage de preuves douteuses dans les procès, mettant en lumière les tensions et les problèmes profonds au sein du système judiciaire turc.