L'armée turque a mené jeudi soir une importante vague de bombardements aériens sur le canton de Qamishlo, dans le nord de la Syrie.
Les bombardements turcs ont visé jeudi soir des infrastructures vitales dans la région de Qamishlo, au nord de la Syrie

L’armée turque a mené jeudi soir une nouvelle vague de bombardements aériens sur le canton de Qamishlo, dans le nord de la Syrie. Les frappes menées avec des avions de combat et des drones ont visé des infrastructures civiles vitales. Le bilan humain de la journée de jeudi s’est aggravé.

Le canton de Qamishlo, dans la région autonome du nord et de l’est de la Syrie, a été visée jeudi soir par de violents raids aériens de l’armée turque. Des avions de combat et des drones turcs ont visé des installations vitales dans la ville de Qamishlo et dans les districts environnants.

Au nord de Tirbêspiyê (Al-Qahtaniyya), une personne a été tuée dans une attaque contre une station-service. À Amûdê (Amuda), centre administratif de la région, deux personnes ont été blessées dans le bombardement du village de Xirbê Xoy. À Dêrik (Al-Malikiya), des avions de combat ont attaqué la centrale électrique du village de Teqil Beqil. À Sêgirka Dero, près de Girkê Lêgê (Al-Muabbada), une centrale électrique a également été touchée, tandis qu’à Çilaxa, plus au sud, les avions de combat ont bombardé une autre station-service. Les frappes ont ciblé par ailleurs une fabrique d’aliments pour animaux à Qamishlo.

Ces nouveaux raids aériens portent à au moins onze le nombre de morts et à dix le nombre de blessés causés par les agressions militaires turques des deux derniers jours sur le nord de la Syrie. Selon le service de sécurité interne Asayîsh, les victimes civiles sont au nombre de cinq, les autres étant des membres des forces d’intervention.

Bombardements turcs dans le district de Tirbêspiyê jeudi soir

Agressions militaires annoncées par Hakan Fidan

La Turquie justifie son agression militaire par le droit à la légitime-défense et aux représailles. Mercredi, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan avait prétendu que les auteurs de l’attaque menée dimanche dernier contre le ministère de l’Intérieur à Ankara avaient été formés dans le nord de la Syrie, d’où ils étaient entrés en Turquie. Il avait ainsi pointé du doigt les infrastructures du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de Protection du peuple (YPG) en Irak et en Syrie comme des « cibles légitimes ». Les allégations de Fidan ont été démenties le jour-même par les Forces démocratique syriennes (FDS). « La Turquie cherche des prétextes pour légitimer ses attaques incessantes contre notre région et justifier de nouvelles opérations militaires », a déclaré le commandant des FDS Mazlum Abdi.

Les attaques contre la population civile et les infrastructures énergétiques sont des crimes de guerre

Mercredi déjà, la Turquie avait mené plusieurs attaques de drone dans le nord de la Syrie. Les jours précédents, l’armée turque, l’une des plus importantes de l’OTAN, avait mené des raids aériens intenses dans le Sud-Kurdistan (nord de l’Irak) contre les bases du PKK. Les attaques aériennes de jeudi contre les zones autogérées du nord de la Syrie sont les plus graves depuis longtemps. Au moins 15 drones tueurs ont pénétré dans l’espace aérien de la région contrôlé par les Etats-Unis, bombardant des installations vitales, telles que des centrales électriques, des stations de distribution d’électricité, des stations de pompage d’eau, des réserves de pétrole et de gaz ainsi que des stations-service, un barrage hydraulique, des usines, un camp de personnes déplacées et plusieurs villages.

La destruction des installations électriques a privé une vaste zone du nord de la Syrie d’approvisionnement en électricité. Les attaques contre la population civile et les infrastructures énergétiques constituent des crimes de guerre selon le droit international. Cependant, la communauté internationale n’a émis aucune condamnation jusqu’à présent.