Lors d’une conférence au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, les intervenants ont appelé l’ONU à agir contre l’isolement carcéral d’Öcalan.
Depuis 40 mois, aucune nouvelle n’est parvenue de la prison d’Imrali où le leader kurde Abdullah Öcalan est détenu en isolement depuis plus de 25 ans. Le dernier contact d’Öcalan avec le monde extérieur remonte à une brève conversation téléphonique avec son frère le 25 mars 2021. Depuis cette date, le leader kurde et ses trois codétenus n’ont donné aucun signe de vie. Alors que les avocats des prisonniers d’Imrali sont confrontés à l’arbitraire absolu des autorités, le Conseil de l’Europe et son Comité pour la Prévention de la Torture (CPT) gardent le silence face à cette détention incommunicado, quand bien même la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a jugé qu’il s’agissait d’une forme de torture.
Une campagne mondiale lancée en octobre 2023 vise à briser ce silence et mobiliser la communauté internationale pour obtenir la levée de l’isolement et, à terme, la libération du leader kurde considéré comme la clé de la solution politique à la question kurde. Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP), qui avait déjà inscrit l’isolement d’Imrali à l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme, avec ses rapports et déclarations, a organisé une conférence intitulée « Droits de l’homme en Turquie » dans le cadre de la 56e session du Conseil des droits de l’homme qui se déroule actuellement au siège des Nations unies à Genève.
La conférence animée par Gianfranco Fattorini, représentant permanent du MRAP auprès de l’ONU, a réuni plusieurs intervenants autour des thèmes de l’isolement carcéral et de la répression à l’encontre de la population kurde par le pouvoir turc.
Des milliers de personnes détenues arbitrairement
La députée européenne Laura Castel Fort a commencé son allocution par le constat de la continuité des violations des droits humains depuis la fondation de la République turque en 1923. Elle a souligné que les violations des droits avaient avaient encore augmenté après la tentative de coup d’État militaire en 2016. Déclarant que le gouvernement islamo-nationaliste turc utilisait les lois antiterroristes pour réduire l’opposition au silence, l’eurodéputée a déclaré : « Tous les politiciens kurdes font face à de nombreuses poursuites judiciaires. Les faits qui leur sont reprochés, présentés comme des actes de terrorisme, consistent en leurs discours et réunions en tant que représentants élus. Des milliers de membres du HDP et du parti DEM sont en prison. Les détentions arbitraires peuvent durer des années. »
L’île d’Imrali est le théâtre d’un arbitraire sans précédent
Attirant l’attention sur les pratiques illégales dans les prisons turques et en particulier sur les conditions d’isolement du leader du peuple kurde Abdullah Öcalan, Mme Castel Fort a poursuivi : « L’emprisonnement et l’isolement de M. Öcalan sont au cœur des attaques contre les droits des Kurdes et de l’opposition. M. Öcalan est considéré comme un leader par des millions de Kurdes. Öcalan est également le principal acteur de la solution à la question kurde. Öcalan est détenu dans de lourdes conditions d’isolement depuis plus de 25 ans. Depuis 40 mois, on est sans nouvelles de lui. L’île d’Imrali connaît un arbitraire sans précédent. L’ensemble des pratiques subies par M. Öcalan relèvent de la torture.
Après Mme Castel, Ibrahim Bilmez, avocat du barreau Asrın, a pris la parole. Il a commencé son discours en décrivant l’illégalité dont est victime le leader kurde Abdullah Öcalan depuis 1999. « Au stade actuel, aucune loi n’est appliquée sur l’île d’Imrali », a-t-il déclaré. Rappelant l’arrêt rendu en 2005 par la Grande Chambre de la CEDH sur la violation du droit d’Abdullah Öcalan à un procès équitable, l’avocat Bilmez a expliqué que l’État turc avait rejeté toutes les demandes de la CEDH. « Malheureusement, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, qui est responsable du suivi de la mise en œuvre des arrêts de la CEDH, n’a fait aucun effort pour mettre fin à ce jeu illégal et a clos le dossier par une décision politique.
Rappelant l’injonction adressée par le Comité des droits de l’homme de l’ONU à la Turquie, l’avocat Bilmez a déclaré, « Cependant, les autorités turque n’ont pas non plus respecté la demande du Comité. Au contraire, le gouvernement a répondu par de nouvelles décisions interdisant les visites et les appels téléphoniques de la famille et des avocats. Le Comité a ensuite réitéré sa demande de mesures en janvier 2023, mais le gouvernement n’a pris aucune mesure pour améliorer la situation ». Et de poursuivre: « Jusqu’à aujourd’hui, les milliers de démarches et demandes faites au niveau national n’ont abouti à aucun résultat. Toutes les demandes et requêtes ont été rejetées sans exception.
Öcalan doit pouvoir jouer son rôle
Attirant l’attention sur la dimension politique de l’isolement d’Imrali, Bilmez a déclaré que le refus par l’État turc de toute solution à la question kurde est à l’origine de toutes les crises que traverse la Turquie. « Tous les indicateurs économiques, politiques, sociaux et juridiques de notre époque imposent d’ouvrir les portes d’İmralı et de permettre à M. Öcalan de remplir son rôle pour garantir une solution démocratique et la paix. Sans plus attendre, une politique de dialogue et de négociation doit être adoptée afin de garantir la santé, la sécurité et la liberté d’Öcalan, qui est en position d’assurer une solution démocratique et la paix dans l’intérêt de tous. Cela signifie qu’il faut mettre en œuvre l’option juridique et politique. Sur cette base, il est dans l’intérêt de tous de considérer l’année 2024 comme l’année de la liberté de M. Öcalan et, dans ce contexte, l’année de la solution de la question kurde.
L’avocat kurde a conclu son discours en appelant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et les institutions compétentes à prendre des mesures contre les violations des droits à Imrali.
Attaque contre les valeurs du peuple kurde
Prenant la parole à son tour, l’homme politique kurde Fırat Anlı a évoqué la répression quotidienne à laquelle sont confrontés les groupes d’opposition en Turquie. L’ancien co-maire destitué de Diyarbakir a parlé des arrestations et des mesures illégales prises à l’encontre du Parti démocratique des Peuples (HDP) et de son successeur, le Parti de la Démocratie et de l’Égalité des Peuples (DEM). À cet égard, il a attiré l’attention sur la politique de tutelle du pouvoir turc consistant à destituer les maires kurdes et saisir les mairies. Parlant d’une politique d’occupation au Kurdistan, Anlı a dénoncé une attaque contre toutes les valeurs du peuple kurde.
[…] L’isolement d’Öcalan discuté à l’ONU […]
[…] L’isolement d’Öcalan discuté à l’ONU […]
[…] communication, une situation jugée inacceptable. Les avocats de Monsieur Öcalan avaient saisi le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies en juillet 2022, qui a pris des mesures pour demander la fin de cette détention sans contact et […]