600 requêtes en vain pour obtenir des nouvelles d'Abdullah Öcalan, détenu en isolement absolu dans la prison d'Imrali depuis 3 ans et 7 mois
Détenu depuis plus de 25 ans sur l'île-prison turque d'Imrali, le leader kurde Abdullah Öcalan est privé de toute communication avec le monde extérieur depuis le 25 mars 2021

Nevroz Uysal Aslan, députée du Parti Égalité et Démocratie des Peuples (DEM Parti) pour la circonscription de Şırnak, a déposé une demande auprès de la Commission d’enquête parlementaire sur les droits de l’Homme (İHİK) pour dénoncer le système de torture en vigueur sur l’île-prison d’İmralı.

Elle appelle la commission à agir face à la situation du leader kurde Abdullah Öcalan, ainsi que de Veysi Aktaş, Ömer Hayri Konar et Hamili Yıldırım, incarcérés à İmralı et dont on est sans nouvelles depuis 43 mois.

Dans son application, Mme Aslan a rappelé qu’AbdullahÖcalan, reconnu comme interlocuteur politique incontournable dans la recherche d’une solution à la question kurde, n’a plus été entendu depuis le 25 mars 2021. À cette date, il avait pu brièvement s’entretenir par téléphone avec son frère, Mehmet Öcalan. Le dernier entretien d’Abdullah Öcalan avec ses avocats remonte au 7 août 2019, et depuis, aucune visite n’a été autorisée. De 2011 à 2019, un interdit ininterrompu de visites juridiques avait été imposé. Malgré quelques rencontres en 2019, cet interdit a été de nouveau appliqué, et les démarches répétées de sa famille et de ses avocats sont restées sans réponse, invoquant des sanctions disciplinaires.

L’application cite également un rapport publié le 5 août 2020 par le Comité pour la prévention de la torture (CPT), qualifiant l’isolement imposé à İmralı d’« incommunicado », soit une absence totale de communication, une situation jugée inacceptable. Les avocats de Monsieur Öcalan avaient saisi le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies en juillet 2022, qui a pris des mesures pour demander la fin de cette détention sans contact et pour autoriser un accès immédiat à un avocat de leur choix. Toutefois, les autorités turques ont ignoré cette décision et ont même renforcé les interdictions arbitraires de visites et de communication.

L’application souligne que, malgré une nouvelle injonction du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies en janvier 2023, la Turquie n’a toujours pas mis en œuvre ces recommandations. Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a également demandé à la Turquie de fournir des informations d’ici juillet 2025 sur le respect de ses recommandations relatives à Abdullah Öcalan et ses co-détenus, notamment sur la facilitation des visites familiales et juridiques et l’abrogation de certaines lois adoptées durant l’état d’urgence.

Madame Aslan conclut en appelant la Commission à agir de manière urgente pour mettre fin à cette situation qui constitue une violation du droit international et des droits humains. Elle souligne l’importance de ces actions pour mettre fin à la torture à İmralı et pour instaurer la paix et l’État de droit en Turquie.