Dans une lettre conjointe, des dizaines de personnalités demandent au CPT de rendre visite à Abdullah Öcalan sur l'île-prison turque d'Imrali.

Dans une lettre conjointe, des dizaines de personnalités de Grande-Bretagne, d’Irlande, d’Italie et des Etats-Unis demandent au CPT de rendre visite à Abdullah Öcalan sur l’île-prison turque d’Imrali.

Des dizaines de personnalités de Grande-Bretagne, d’Irlande, d’Italie et des Etats-Unis ont adressé une lettre ouverte au président du Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe, Alan Mitchell. Ils y demandent que le comité envoie une délégation sur l’île-prison turque d’Imrali et qu’il fasse la lumière sur la situation du leader kurde Abdullah Öcalan. L’homme de 75 ans est détenu en isolement depuis un quart de siècle et n’a pas donné signe de vie depuis plus de trois ans.

Signée par des scientifiques, des élus, des politiciens, des militants des droits humains, des juristes, des syndicalistes et des artistes, la lettre ouverte de l’initiative britannique « Peace in Kurdistan » dit ceci: « Depuis 36 mois, Abdullah Öcalan, considéré par des millions de Kurdes comme leur représentant politique légitime, est détenu par l’Etat turc dans une forme extrême d’isolement sur l’île-prison d’Imrali. Pendant cet isolement illégal et inhumain, M. Öcalan a pratiquement « disparu » et a été plongé dans un vide de « non-existence », étant privé de tout contact avec le monde extérieur, y compris avec ses avocats et les membres de sa famille proche.

Tout au long de cette période, la Turquie a tenté de transformer l’île d’Imrali en un « cercueil flottant ». M. Öcalan, qui a maintenant 75 ans, a été cruellement torturé et isolé pendant 25 ans. Aucune information sur son état de santé n’a été fournie au cours des trois dernières années, ce qui est très préoccupant. Actuellement, même sa localisation ne peut être confirmée, et son état de santé est un sujet extrêmement sensible pour de nombreux Kurdes, qui voient en lui la voix de leur nation.

C’est pour ces raisons impérieuses que nous vous demandons aimablement, à vous, le CPT, de prendre des mesures immédiates, seules à même d’apaiser les craintes. En tant que CPT, vous êtes légalement habilité à visiter tous les lieux de détention des États parties à la Convention, y compris la Turquie. Cela vous donne le pouvoir et la capacité d’envoyer votre équipe d’experts à Imrali, où le gouvernement turc est obligé de vous accorder un accès illimité pour visiter le lieu de détention de M. Öcalan et de vous permettre de l’interroger en privé afin qu’il puisse communiquer avec vous en toute confiance et sans aucune contrainte.

Nous souhaitons que le CPT agisse conformément à l’article 3 du Statut du Conseil de l’Europe, qui stipule que « tout membre du Conseil de l’Europe reconnaît le principe de la prééminence du droit et le principe en vertu duquel toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». M. Öcalan est citoyen d’un Etat membre du Conseil de l’Europe qui lui refuse la jouissance des droits humains depuis deux décennies et demie et qui le prive depuis trois ans de son droit fondamental de rencontrer ses avocats et de communiquer avec sa famille.

Tout ce que nous vous demandons, en toute sincérité, c’est d’assumer immédiatement vos responsabilités en envoyant une délégation sur l’île d’Imrali pour s’entretenir avec M. Öcalan et s’assurer de son bien-être. Ensuite, nous vous serions très reconnaissants d’encourager la Turquie à permettre à M. Öcalan de recevoir la visite de sa famille et de ses avocats, afin d’assurer le plein respect des obligations du Conseil de l’Europe et du Comité européen pour la prévention de la torture. Cela contribuerait à répondre à un problème urgent de droits humains et à une préoccupation pour des millions de Kurdes, et pourrait également renouveler l’esprit de réconciliation qui est nécessaire de toute urgence pour trouver une solution pacifique à la question kurde en Turquie. »