Le Conseil de présidence du Parlement catalan a condamné l’opération d’invasion lancée par la Turquie au Sud-Kurdistan
L'enceinte du parlement de Catalogne

Le Conseil de présidence du Parlement catalan a condamné l’opération d’invasion lancée par la Turquie au Sud-Kurdistan et dénoncé l’indifférence du monde « face à l’agression d’Erdogan » qui entraîne « davantage d’effusion de sang, de migrations et d’instabilité ».

Les porte-paroles du Conseil de présidence du Parlement catalan ont publié un communiqué en réaction à l’opération d’invasion lancée par la Turquie dans le territoire du Sud-Kurdistan (nord de l’Irak):

« Tout en essayant de jouer le rôle de médiateur dans la crise ukrainienne et en se présentant comme un homme partisan de la paix, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé une opération militaire de grande envergure contre le Kurdistan du Sud. Son objectif est de contraindre la population de cette zone à fuir afin d’envahir la région.

L’État turc et le leadership d’Erdogan reposent sur une campagne de déni et de guerre contre le peuple kurde. Les efforts de médiation d’Erdogan sur la scène internationale servent à dissimuler la stratégie de génocide et de guerre qu’il a mise en œuvre en Turquie, au Kurdistan et dans l’ensemble de la région.

L’ÉTAT TURC VEUT ÉTENDRE SON INVASION

L’État turc a lancé une nouvelle opération militaire le 17 avril pour prendre les zones de Şikefta Birîndara, Kurojahro et Çiyayê Res dans la région de Zap, au Kurdistan du Sud (nord de l’Irak). Les forces armées turques utilisent de l’artillerie lourde, des avions de guerre, des drones et des hélicoptères dans cette opération transfrontalière, ainsi que des hélicoptères pour transporter les forces terrestres dans la région. Ce faisant, la Turquie cherche à étendre  son invasion au-delà du Zap, dans les régions de Metîna et d’Avaşîn-Basyan.

L’emploi d’armes lourdes et de forces terrestres constitue une grave menace pour toute la région. L’unité kurde dans tout le Kurdistan est une réponse à cette agression.

Les récentes célébrations du Newroz, le 21 mars, contenaient une déclaration en faveur de l’unité nationale kurde. Plus de 10 millions de Kurdes du nord du Kurdistan et de Turquie ont envoyé un message clair à Erdogan : ils ne se soumettront pas à la politique de cruauté et d’extermination d’Erdogan. La torture et la mort de prisonniers politiques kurdes, les attaques contre les bureaux du Parti démocratique des Peuples (HDP) et les arrestations ont augmenté après les célébrations du Newroz. Parallèlement, les frappes aériennes turques contre des cibles kurdes au Rojava, ainsi que dans le nord et l’est de la Syrie, ont augmenté.

DES MILLIONS POUR LA LIBÉRATION D’ABDULLAH ÖCALAN

Des millions de Kurdes ont déclaré au peuple turc et au reste du monde que la paix en Turquie et dans la région ne sera possible que si le chef du peuple kurde Abdullah Öcalan est libre. De même, comme le démontre le cas d’Osman Kavala, la libération des prisonniers politiques contribuera à la construction de la paix.

Erdogan est actuellement confronté à un certain nombre de crises internes, notamment une détérioration de la situation économique. Il tente de se protéger et de se renforcer en intensifiant la guerre contre les Kurdes afin d’obtenir un soutien nationaliste, ainsi qu’en revendiquant une position géopolitique unique entre l’OTAN et la Russie à travers le rôle de médiation dans la crise ukrainienne. Si la communauté internationale continue de fermer les yeux sur les agissements d’Erdogan, il en résultera davantage d’effusion de sang, de migrations et d’instabilité au Kurdistan et au Moyen-Orient.

DEMANDE DE MESURES URGENTES

Nous appelons tous les gouvernements et les organisations internationales, y compris les Nations unies, l’OTAN, l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Ligue arabe, à prendre des mesures immédiates contre l’opération militaire dans les régions de Şikefta Birîndara, Kurojahro, Çiyayê Reş et ZaP, au Sud-Kurdistan, celle-ci constituant une violation du droit international.

Nous dénonçons les partenariats politiques de l’UE et de ses États membres avec la Turquie, et demandons à l’État espagnol de cesser de fournir des équipements militaires à l’État turc.

Nous condamnons cette attaque et exigeons que la Turquie retire ses forces du sud du Kurdistan.

Nous exhortons les partis politiques, les organisations de défense des droits de l’homme, les organisations pacifistes, les syndicalistes et les militants à s’élever contre l’agression turque.

Nous défendons la légitimité des partis kurdes qui luttent démocratiquement pour protéger les intérêts, les droits et les libertés des citoyens kurdes.

Conformément à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 10 décembre 2019, nous rejetons la condamnation à perpétuité d’Osman Kavala et exigeons sa liberté. »