Près d’un million de personnes étaient rassemblées ce dimanche à Diyarbakir pour célébrer le Newroz, le nouvel an kurde. « Que ceux qui prétendent que les Kurdes n’existent pas regardent cette place », a déclaré la Député HDP Semra Güzel dans un discours.
Célébration du Newroz à Amed (Diyarbakir).

Près d’un million de personnes étaient rassemblées ce dimanche à Diyarbakir pour célébrer le Newroz, le nouvel an kurde. « Que ceux qui prétendent que les Kurdes n’existent pas regardent cette place », a déclaré la Député HDP Semra Güzel dans un discours.

Près d’un million de personnes ont célébré en liesse le Newroz, ce dimanche à Amed (Diyarbakir). Bien qu’aucun bus n’ait été mis à disposition par la municipalité dont les co-maires kurdes ont été destitués en 2019 par le gouvernement turc et remplacés par un administrateur, les habitants se sont rendus en masse sur la place du Newroz dès les premières heures du matin. À l’entrée de la zone bouclée par des barricades de police et encerclée par des centaines de véhicules anti-émeutes, la police turque a procédé à des contrôles poussés. Les journalistes ont dû subir quatre contrôles avant d’entrer sur la place du festival, après des heures d’attente.

Sur la place, étaient déployées des banderoles souhaitant une bonne année en huit langues. Dans la foule, on a pu voir de nombreux fanions du Parti démocratique des Peuples (HDP) menacé d’interdiction par le régime d’Erdogan, mais aussi des drapeaux du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et des portraits du leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan. Malgré les avertissements de la police depuis la scène, les manifestants ont scandé des slogans en soutien à Öcalan et à la résistance dans les prisons.

Le Newroz célébré depuis 2633 ans

Le programme a commencé par la chanson de la résistance « Çerxa Şoreşê » (La roue de la révolution) et un discours de bienvenue du comité des fêtes : « Kawa le forgeron a vaincu le despote Dehak et allumé un feu. Le Newroz est célébré depuis 2633 ans et représente la résistance, le soulèvement, l’égalité, la justice et la démocratie. Newroz pîroz be [bon Newroz] ! »

Alors qu’on allumait le feu du Newroz, la foule a scandé : « Bijî Serok Apo ! » [Vive le leader Öcalan]. La police a alors tenté d’étouffer les slogans et les chants en augmentant le volume de la musique.

Prenant la parole après le discours d’ouverture, la députée HDP Semra Güzel a déclaré : « Le mois de mars est un mois de résistance au Kurdistan. Notre peuple est dans les rues malgré tout, les feux du Newroz brûlent partout dans les villages et dans les montagnes. Que ceux qui prétendent que les Kurdes n’existent pas regardent cette place. Les Kurdes sont en résistance sur cette place, aucun gouvernement ne peut étouffer cette réalité. »

La Convention d’Istanbul, une ligne rouge

Évoquant le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul, la députée kurde a poursuivi : « Femmes en lutte ; les gouvernants veulent annihiler notre lutte, ils veulent nous enlever les droits pour lesquels nous nous sommes battus. À ce stade, nous déclarons une fois de plus : nous existons et nous existerons, nous serons nous-mêmes. Avec cette décision, le président a une fois de plus manifesté son hostilité envers les femmes. Cette décision encourage les féminicides. L’AKP [Parti de la Justice et du Développement au pouvoir] porte la responsabilité de tous les féminicides à venir ».

« Pour le HDP, la Convention d’Istanbul est une ligne rouge », a ajouté la députée de Diyarbakir.

Des centaines de milliers de personnes ont par ailleurs participé à cette fête de la résistance dans de nombreuses autres villes du Nord-Kurdistan, notamment à Van, deuxième plus grande ville de la région, où le Newroz a réuni des dizaines de milliers de manifestants malgré la répression ambiante.