Le soutien actif apporté par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) aux plans d’expansion de l’Etat turc dans la région du Kurdistan irakien provoque de plus en plus de réactions au sein du peuple kurde. Alors que les agressions militaires de la Turquie dans la région prennent de l’ampleur, l’alliance islamo-fasciste au pouvoir en Turquie pousse le PDK sur le terrain pour éliminer le PKK au Sud-Kurdistan, en ligne avec le « plan d’anéantissement » préparé sous la direction des Services de renseignements turcs (MIT).

Immédiatement après la réunion de trois heures avec les responsables du MİT dans la maison d’hôtes de la présidence générale du PDK en octobre dernier, l’une des zones où se trouvent les guérilleros du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Garê, a été entourée de véhicules blindés et d’armes lourdes, et les forces spéciales de Gulan du PDK y ont été déployées. Bien que la communauté kurde, en particulier le PKK et le KCK, aient mis en garde à plusieurs reprises contre une guerre civile, le PDK poursuit ses déploiements militaires. Au regard de ces évolutions, il est clair que le PDK et l’État turc planifient une nouvelle opération conjointe. Depuis le 24 juillet 2015, l’État turc attaque les zones du PKK sur la base d’un nouveau concept de guerre. Les attaques contre la guérilla se sont poursuivies sans interruption, dans les zones contrôlées par le PKK sous le nom de « Opération Griffe 1-2 et 3 ». Conformément au plan d’anéantissement préparé sous la direction du MIT, le PDK a récemment été poussé sur le terrain afin d’éliminer le PKK au sud-Kurdistan. Les zones contrôlées par le PKK sont ainsi encerclées.

PLAN OPÉRATIONNEL COMMUN EN 5 ÉTAPES

L’Etat turc tente de mener à bien son plan d’occupation du Sud-Kurdistan en employant pour cela les forces spéciales du PDK. Les étapes de l’opération d’encerclement de la région, qui débute dans la région de Behdinan, sont les suivantes :

Première étape : région de Şexan, Etruş, Bergare et Akrê,

Deuxième étape : Zinê Wertê région de Sidekan,

Troisième étape : Région de Bamerne, Amadiya et Barzan,

Quatrième étape : Rompre la connexion Behdinan-Qandil,

Cinquième étape : Occupation complète de Garê.

Selon les sources locales, toutes les forces opérationnelles ont été mobilisées sur instruction de Massoud Barzani, tandis que les unités d’opérations spéciales et les gardes de village déployés par la Turquie dans la région sont vêtus des uniformes des forces peshmergas et des Zerevani [Unités spéciales de la famille Barzani].

L’OBJECTIF EST L’ANNIHILATION COMPLÈTE

L’essence du plan d’extermination, un plan de l’État turc et des États-Unis pour éliminer le PKK, intègre l’anéantissement complet du mouvement de libération du Kurdistan avec une méthode génocidaire inspirée du modèle sri-lankais. L’Etat turc a mis la quasi-totalité de ses ressources économiques au service de la guerre, utilisant le plus haut niveau de moyens techniques pour anéantir la guérilla kurde. Le PDK a fourni toutes sortes de services de renseignement avec les points d’observation, les avant-postes et le réseau d’agents qu’il a mis en place à travers son organisation de renseignement, Parastin.

Les attaques d’occupation lancées par l’État turc dans le Sud-Kurdistan en décembre 2017 ont d’abord visé la région Raperin Soran. L’objectif était de déconnecter les régions de Behdinan (zones de Zap, Metîna et Heftanîn) et de Soran (zones de Xakurkê, Xinêre, Diyala et Sîdeka). L’armée turque est toujours positionnée dans ce domaine. La deuxième étape de ce plan est la zone de Zînê Wertê. Toutes ces attaques et tentatives de provocation ont échoué grâce à la résistance de la guérilla. Au regard de ce bilan, l’Etat turc a préparé un nouveau plan d’opération, conjointement avec le PDK, dans le cadre du plan d’anéantissement. Suite à une réunion de Masoud Barzani avec les responsables du MİT, il a été décidé d’ajouter les forces Gulan et les Roj peshmerga aux plans d’attaques contre le PKK.

L’UNITÉ NATIONALE ET LA RÉSISTANCE PEUVENT DÉFAIRE LE PLAN 

Malgré tous les appels et avertissements, le PDK poursuit sa coopération avec l’Etat turc. Refusant de participer à l’unité nationale et aux activités du Congrès national du Kurdistan (KNK), il met en péril les réalisations kurdes. «Si le PDK persiste dans son refus de participer, le congrès se poursuivra sans lui», a déclaré le KNK. 

À l’inverse du parti du clan Barzani, le PKK est activement engagé dans les travaux visant l’unité nationale. De par ses initiatives politiques et sa résistance, il gagne de plus en plus de légitimité au sein de la population. Il est à espérer que sa résistance aura raison de la sale guerre de l’État turc.

Par Deniz AYDIN