Les autorités pénitentiaires turques nient l’isolement carcéral imposé depuis plus de trois ans au leader kurde Abdullah Öcalan
L'île-prison d'Imrali en mer de Marmara

Les autorités pénitentiaires turques nient l’isolement carcéral imposé depuis plus de trois ans au leader kurde Abdullah Öcalan dans la prison insulaire d’Imrali, affirmant que les droits de tous les détenus sont respectés.

« Les prisonniers d’Imrali, y compris Abdullah Öcalan, ne sont pas isolés et jouissent de tous leurs droits », a déclaré mardi la Direction générale des prisons, dans une réponse à une demande du Parti de la Démocratie et de l’Égalité des Peuples (DEM). Les Députés du DEM avaient déposé le 7 décembre dernier une demande visant à mettre fin à l’isolement carcéral du dirigeant kurde Abdullah Öcalan. Ils avaient demandé que les visites de la famille et des avocats, suspendues depuis au moins quatre ans, soient rétablies.

La dernière communication du leader kurde avec le monde extérieur remonte au 25 mars 2021. Il avait alors eu une brève conversation téléphonique avec son frère. Depuis, toutes les demandes de communication et de visite des avocats et des familles sont restées sans réponse des autorités judiciaires et pénitentiaires. 

Dans son courrier, la Direction générale des prisons se réfère aux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), affirmant que « pour parler d’isolement, la communication d’un prisonnier avec son avocat, ses proches ou d’autres prisonniers doit être complètement supprimée ». Selon l’autorité pénitentiaire, ce n’est pas le cas, étant donné que « les détenus participent à des activités communes » et qu’il n’y a « pas d’obstacles à la rencontre des avocats et des proches, dans le cadre des règlements ».

La direction pénitentiaire précise que le Conseil d’administration et d’observation de l’établissement a imposé en 2023 une restriction sur les communications téléphoniques pour une durée de de six mois, soulignant que cette décision n’a pas été contestée par les intéressés. Cependant, les avocats d’Öcalan ont fait savoir qu’ils n’avaient pas été informés de cette décision. Les autorités pénitentiaires prétendent en outre qu’Öcalan avait accès à la communication épistolaire et à d’autres formes de communication. Toutefois, en l’absence de contacts avec ses avocats et sa famille, ces informations sont invérifiables.

La réponse de l’administration pénitentiaire met en évidence l’approche de l’État turc consistant à masquer la réalité de l’isolement derrière un jargon bureaucratique et juridique. Cette stratégie est renforcée par l’interdiction de contact avec les familles et les avocats, et le refus de la Turquie de publier le rapport établi par le Comité européen anti-torture (CPT) suite à sa visite dans la prison d’Imrali en 2022.