La paix ne pourra régner au Moyen-Orient que si la Turquie se retire de l’Irak et de la Syrie, déclare la KCK à propos des tensions actuelles à Deir ez-Zor et Kirkouk.
Les affrontements survenus à Kirkouk le 2 septembre, peu après la visite en Irak du ministre turc des affaires étrangères, ont fait quatre morts

La paix ne pourra régner au Moyen-Orient que si la Turquie se retire de l’Irak et de la Syrie, déclare la KCK à propos des tensions actuelles à Deir ez-Zor et Kirkouk.

Le Comité des relations extérieures de la KCK (Union des Communautés du Kurdistan) a publié jeudi une déclaration sur les ambitions de la Turquie en Irak et en Syrie. La déclaration dit ceci :

« L’Irak et la Syrie ont connu de grands bouleversements après les attaques de l’EI et n’ont toujours pas retrouvé la stabilité. Ils sont aujourd’hui entraînés dans un nouveau conflit à Kirkouk et Deir ez-Zor. De toute évidence, les tensions simultanées dans ces régions ne sont ni spontanées ni accidentelles. Elles sont directement liées aux visites du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan à Bagdad et Hêwler [Erbil, capitale du Sud-Kurdistan] entre le 22 et le 24 août. Les déclarations de Recep Tayyip Erdogan et de Hakan Fidan sur les deux régions montrent les intentions et les attentes de l’Etat turc.

Hakan Fidan a immédiatement accusé le PKK [Parti des Travailleurs du Kurdistan] d’être à l’origine des affrontements qui ont conduit à la mort de quatre personnes à Kirkouk. Dans le même temps, Erdogan, de retour de Russie, a qualifié les tensions à Deir ez-Zor de développements opportuns, avouant ainsi son soutien aux gangs à l’origine de ce violent conflit.

L’État turc, qui viole la souveraineté à la fois de l’Irak et de la Syrie et occupe des territoires dans ces deux pays, veut pérenniser son occupation et l’étendre progressivement, tout comme il l’a fait à Chypre en 1974. Hakan Fidan, qui a utilisé toutes sortes de méthodes de guerre sale au Kurdistan lorsqu’il était à la tête des services secrets turcs (MIT), poursuit aujourd’hui son action criminelle au nom de la diplomatie.

Hakan Fidan et Tayyip Erdogan ont qualifié Kirkouk, ville où cohabitent depuis des siècles des populations kurde, arabe, turkmène, assyrienne et arménienne, de « patrie turque » et de « ville turkmène ». Ils utilisent le PDK [Parti démocratique du Kurdistan, au pouvoir au Kurdistan irakien] et la famille Barzanî pour dissimuler leurs ambitions d’occupation et d’expansion. Ces dernières années, ils ont tenté de faire de Kirkouk le centre du MIT. Kirkouk devient le centre d’un nouveau conflit à cause des provocations de la Turquie.

Le Front turkmène irakien [organisation politique de droite qui prétend représenter le peuple turkmène en Irak] et la direction du PDK travaillent directement sous les ordres d’Ankara et du MIT pour donner légitimité et crédibilité à la dictature d’Erdogan. La Turquie tente de faire pression sur Bagdad avec le soutien de certaines personnalités turkmènes et de la famille Barzanî passée sous le joug d’Ankara. La République fasciste de Turquie et ses sbires veulent transformer Kirkouk, une ville riche d’histoire et de diversité ethnique et culturelle, en un instrument de leur pouvoir. La population de la région doit s’organiser et lutter pour que Kirkouk devienne un haut lieu de liberté, de démocratie, de fraternité et de paix fondé sur l’autogestion et le renforcement des bases de la vie commune, en s’opposant à toutes les formes d’intervention étrangère visant à monter les peuples les uns contre les autres.

Faire de Kirkouk une base de négociation pour le partage des terres en fonction des ethnies et des croyances, et faire des calculs démographiques pour la part des revenus du pétrole, revient à déstabiliser Kirkouk, de même que l’Irak, et à les transformer en une zone de crise permanente.

Les groupes ethniques et religieux, les femmes et les jeunes de Kirkouk ont largement la capacité de s’autogérer et de construire une vie commune dans la paix et la prospérité.

Tous ceux qui veulent la paix et la tranquillité pour Kirkouk doivent avant tout s’opposer à l’État turc qui occupe le territoire irakien. Les 90 bases militaires turques sur le sol irakien doivent être démantelées. Il s’agit de s’opposer à l’hégémonie politique, culturelle et économique croissante de la Turquie sur le Kurdistan du sud [nord de l’Irak]. La Turquie a fait de Hêwler [Erbil] son arrière-cour. Ce n’est que si l’État turc met fin sans condition à son occupation du territoire irakien et se retire de Kirkouk que la paix pourra régner en Irak, en Syrie, en Libye et plus généralement au Moyen-Orient. »