L’attaque aérienne contre l’Assemblée populaire de Sinûnê à Shengal met en évidence la mise en oeuvre d’un nouveau plan
Déploiement de l'armée irakienne dans une rue de Shengal, au Sud-Kurdistan

L’attaque aérienne contre l’Assemblée populaire de Sinûnê à Shengal, survenue quelques mois après le bombardement de l’assemblée populaire de Khanesor, toujours dans la région yézidie, met en évidence la mise en oeuvre d’un nouveau plan à Shengal, estime le journaliste Şores Şankan dans une chronique publiée par l’agence de presse Firat News.

Alors qu’il n’y avait pas un seul soldat irakien à Shengal lors de l’invasion de la région par l’Etat islamique (EI) en août 2014, des dizaines de milliers de soldats y ont été déployés après le massacre, afin d’empêcher la population de construire un sytème d’auto-défense et de gouvernance autonome. Dans le sillage de l’accord Ankara-Hewler-Bagdad conclu sous l’égide de l’ONU et annoncé le 9 octobre 2020, l’armée irakienne a mené une attaque terrestre contre le gouvernement autonome de Shengal, accompagnée par des frappes aériennes de la Turquie. Des dizaines de yézidis ont été tués dans ces attaques.

Réalisant que les Yézidis ne reculeraient pas face à ces agressions, l’alliance Ankara-Hewlêr-Bagdad a, cette fois, mis à l’ordre du jour un plan de liquidation plus élaboré. Tandis que la Turquie lançait une offensive de grande ampleur contre les zones de défense de la guérilla le 17 avril, l’armée irakienne attaquait les points de contrôle des forces de sécurité yézidies à Shengal. Face à la résistance des YBŞ-YJŞ [Unités de Résistance de Shengal] et de la population, l’armée irakienne a dû faire marche arrière.

Cependant, malgré l’insistance du PDK [Parti démocratique du Kurdistan dominé par le clan Barzani, au pouvoir dans le Sud-Kurdistan], Mustafa Kazimi ne pouvait pas se permettre une nouvelle attaque, ce qui a obligé le PDK à se mettre sur le devant de la scène en menant des actions contre Shengal. En effet, le clan Barzani a distribué de l’argent à son réseau de collaborateurs locaux, ainsi qu’à des organisations et des chefs tribaux, ceci afin d’inciter la population de Shengal à s’opposer aux YBŞ-YJŞ et à l’administration autonome.

Ce dernier plan ayant échoué, le PDK a recommencé à attaquer Shengal dans le cadre de la triple alliance. Cette fois, le plan vise la population civile.

Ce nouveau plan prévoit de cibler périodiquement, avec des frappes de drone turques, les institutions civiles liées à l’administration autonome de Shengal. Le but étant de canaliser les réactions des proches des victimes contre l’administration autonome. Nous en avons vu le premier exemple avec l’attaque, le 15 juin, de l’Assemblée populaire de Sinûnê et d’un commerce voisin.

Reste à savoir si la population de Shengal se laissera abuser par ce plan mis en oeuvre par les services secrets turcs (MIT) en collaboration avec les renseignements du PDK.