L’attaque de drone turque survenue vendredi matin au Rojava visait un commandant des FDS, Ferhad Dêrik. Le combattant kurde de 28 ans était responsable de la coordination des opérations avec la coalition internationale anti-EI.
Ferhad Dêrik, commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), a été assassiné dans une frappe ciblée menée par l’armée turque au Rojava/Nord de la Syrie. L’attaque de drone est survenue vendredi matin dans la petite ville de Dêrik (Al-Malikiya). La maison de Ferhad Dêrik, située près de la place Azadî, non loin du centre-ville, a été bombardée. Une femme de 39 ans et un garçon de 11 ans ont été blessés dans l’attaque. Les FDS ont annoncé qu’ils mèneraient des actions en représailles.
Frère également assassiné dans une attaque de drone ciblée
Ferhad Dêrik était un membre haut placé des FDS. Il était chargé de coordonner la coopération de l’alliance multiethnique avec la coalition internationale contre le groupe terroriste État islamique » (EI). Il est issu de la famille Şiblî, bien connue dans la région pour son engagement dans le mouvement de libération kurde. Son frère Ferhad Şiblî a été tué en 2022, encore dans une frappe de drone turque, dans la région de Sulaymaniyah, au Sud-Kurdistan. Il était vice-président du conseil exécutif de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES). Son cousin Îsam Şiblî est mort en 2014 en défendant les Yézidis à Shengal, et un autre de ses frères a perdu la vie la même année en combattant l’EI au Rojava.
En octobre 2022, Ferhad Dêrik avait survécu à une précédente attaque de drone de la Turquie. Il revenait d’une cérémonie à la mémoire de Hevrîn Khalaf lorsque son véhicule a été bombardé près du camp de réfugiés de Newroz à Dêrik. Ibrahim Bassam Mikhail, du commandement des forces de sécurité chrétiennes Sutoro, était mort dans l’attaque.
Rôle déterminant dans la lutte contre l’EI
Le commandant des FDS avait joué un rôle déterminant dans la lutte contre l’EI. Il avait participé à partir de 2014 à toutes les grandes offensives contre le groupe terroriste en Syrie. En août 2014, il avait participé, au sein des Forces de Protection du Peuple (YPG), à l’évacuation de centaines de milliers de Yézidis fuyant l’invasion de Shengal par l’EI.
« Ferhad Dêrik était connu pour sa modestie, son honnêteté et son travail acharné. C’était un grand esprit et un grand révolutionnaire ; l’amitié, la convivialité, la solidarité et la confiance étaient à la base de ses actions et de ses relations avec ses semblables. Ferhad était comme une torche dont le feu ne s’éteignait jamais, il travaillait sans relâche, jour et nuit. Il a suivi le chemin de la révolution et l’a fait pour la liberté de son peuple », ont déclaré les FDS dans un communiqué.
Une guerre de drones passée sous silence
Dans la région autonome du nord et de l’est de la Syrie, les frappes de drone turques font régulièrement des victimes. Ces attaques, qui visent de manière ciblée les représentants des structures d’autogestion, les membres des unités de combat ainsi que la population civile, sont menées par des machines tueuses qui circulent en toute liberté dans l’espace aérien syrien contrôlé par les Etats-Unis et la Russie. La communauté internationale ignore cette guerre des drones turque qui a débuté en juin 2020 avec l’assassinat de trois représentantes de l’organisation faîtière féminine Kongra Star à Kobanê. Depuis, on a enregistré pas moins de 200 frappes de drones dans le nord de la Syrie. L’État turc a également utilisé des drones tueurs lors d’une offensive aérienne entre le 4 et le 10 octobre, qui a conduit à la destruction de quatre-vingts pour cent de l’infrastructure de la région. Près de cinquante personnes ont été tuées lors de ces attaques et des dizaines d’autres ont été blessées, parfois grièvement. Dans le Sud-Kurdistan (nord de l’Irak) également, la terreur exercée par les drones turcs fait régulièrement des victimes.