Le Conseil démocratique syrien réclame une enquête et des sanctions internationales concernant le meurtre de Hevrîn Khalaf
Hevrîn Khalaf, secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie, brutalement exécutée le 12 octobre 2019 par une milice djihadiste sous contrôle Turc

Le Conseil démocratique syrien réclame une enquête et des sanctions internationales concernant le meurtre de Hevrîn Khalaf, secrétaire générale du Parti du Futur de la Syrie, brutalement exécutée en 2019 par une milice djihadiste sous contrôle Turc.

Le Conseil démocratique syrien (MSD) appelle à une enquête internationale et à des sanctions concernant l’assassinat en octobre 2019 de Hevrîn Khalaf. « Nous attendons toujours que justice soit faite pour cette femme politique kurde, considérée comme un espoir pour une Syrie diverse et démocratique », a déclaré l’instance jeudi. Hevrîn Khalaf était secrétaire générale du Parti du futur de la Syrie. Le 12 octobre 2019, cette femme de 34 ans a été tuée avec son chauffeur près de Qamishlo, dans le cadre de l’opération d’invasion lancée par la Turquie dans la région. Le MSD appelle à une action de la justice internationale et critique l’inertie de la Cour pénale internationale (CPI) concernant cette affaire. « Le meurtre de Khalaf constitue un crime de guerre et un féminicide commis de manière particulièrement bestiale », souligne l’organisation.

Mutilée vivante

Les auteurs du meurtre de Hevrîn Khalaf ont été identifiés comme étant des membres du « Bataillon 123 » de « Ahrar al-Sharqiya ». Cette milice djihadiste fait partie de l’Armée nationale syrienne (ANS) – une coalition de milices djihadistes qui, payée, équipée et entraînée par Ankara, contribue à maintenir l’occupation turque dans certaines parties du nord de la Syrie en tant que force par procuration du régime turc. Un rapport médical obtenu par l’agence de presse Firat News (ANF) énumère les nombreuses blessures infligées à Khalaf par les djihadistes de l’ANS. Le rapport indique qu’elle avait reçu plusieurs balles dans la tête et dans le dos et que son corps présentait des fractures au niveau de la tête et des jambes. Son cuir chevelu était partiellement décollé, car elle avait été traînée par les cheveux. D’après les résultats de l’autopsie, elle devait être encore en vie lorsqu’elle a été mutilée.

Justice pour toutes les victimes des crimes de guerre de l’occupation turco-djihadiste

« Nous demandons également justice pour toutes les victimes de l’occupation turque et de ses guerres en Syrie », a déclaré le MSD qui réclame la mise en place d’une procédure internationale ad hoc pour la poursuite des responsables des violations des droits humains et des crimes de guerre dans la région. « Bien entendu, ajoute le Conseil, nous demandons également à la communauté internationale d’agir pour mettre fin à l’occupation turque du territoire syrien et libérer la Syrie de l’emprise des terroristes. Cette préoccupation inclut en premier lieu l’exigence que la Turquie et ses partenaires soient poursuivis pour les crimes qu’ils commettent depuis maintenant 2018 contre la population de la région autonome du nord et de l’est de la Syrie, y compris la destruction délibérée des infrastructures. »

La commission d’enquête de l’ONU a appelé à punir les terroristes pro-turcs dès 2020

La commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie avait déjà indiqué dans un rapport de 2020 que la Turquie devait être poursuivie pour les crimes de guerre commis au Rojava et que les commandants responsables des milices sous le commandement et le contrôle des troupes turques devaient également être poursuivis. Pour rédiger son rapport, la commission d’enquête a mené des entretiens avec 233 personnes concernées et a collecté, vérifié et analysé des images satellites, des photos, des vidéos et des dossiers médicaux. Elle s’est également appuyée sur des données provenant de gouvernements et d’ONG. Cependant, ce rapport n’a pas été suivi d’effet.

L’assassin de Hevrîn Khalaf a obtenu un diplôme universitaire en Turquie

Et ce, bien que les meurtriers de Hevrîn Khalaf soient connus. L’un d’entre eux est le commandant d’Ahrar Al-Sharqiya Abu Hatem Shaqra, dont le nom civil est Ahmad Hassan Fayyad Al-Hayes. L’ONU le classe parmi les terroristes et les criminels de guerre, et le Trésor américain a imposé des sanctions à son encontre ainsi qu’à l’encontre de sa milice en 2021, notamment parce qu’il dirigeait une prison gérée par « Ahrar al-Sharqiya » à l’extérieur d’Alep, où des centaines de personnes ont été exécutées depuis 2018. Shaqra est également impliqué dans l’esclavage des femmes et des enfants yézidis enlevés à Shengal par l’organisation terroriste de l’État islamique en août 2014. Mais au lieu de croupir derrière les barreaux, il mène une vie paisible en Turquie. Cet été, l’islamiste a terminé ses études de sciences politiques et de relations internationales à l’université turque d’Artuklu, dans la province kurde de Mardin.

A propos du Conseil démocratique syrien

Le Conseil démocratique syrien est une assemblée créée en 2015 qui représente les partis politiques et les organisations du nord et de l’est de la Syrie. Le MSD établit un cadre politique pour la gouvernance en Syrie selon un modèle décentralisé et fédéral. Il est l’organe politique auquel les Forces démocratiques syriennes (FDS) doivent rendre compte. Les négociations avec le gouvernement syrien ainsi que les relations diplomatiques avec d’autres pays sont généralement menées par le MSD.