Les Kurdes et leurs amis se sont rassemblés ce lundi à Strasbourg pour demander la fin de l’isolement carcéral d'Abdullah Öcalan
Manifestation à Strasbourg, près du Conseil de l'Europe, lundi 15 avril

Les Kurdes et leurs amis se sont rassemblés ce lundi à Strasbourg pour demander au Conseil de l’Europe et à son comité anti-torture d’accomplir leur mission et de mettre fin à l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan.

« Avec l‘isolement total contre Abdullah Öcalan, on essaie de priver le peuple kurde de sa volonté politique. Il est évident que l’Etat turc poursuit une politique génocidaire et bloque ainsi la voie vers la démocratie, les droits humains et la liberté. Cependant, l’Europe tolère ce traitement inhumain à l’égard des Kurdes. Nous demandons à toutes les instances d’assumer leurs responsabilités en matière de droits humains. Le Conseil de l’Europe doit enfin accomplir sa mission et obtenir qu’Abdullah Öcalan puisse communiquer avec le monde extérieur ». Telles ont été les paroles prononcées par Zübeyde Zümrüt, coprésidente de la Fédération des associations kurdes en Europe (KCDK-E), lors d’une manifestation dans le quartier européen de Strasbourg ce lundi.

Un sit-in de plusieurs jours devait se dérouler à Strasbourg dans le cadre de la campagne « Liberté pour Öcalan, solution politique à la question kurde ». Le théoricien et leader du mouvement de libération kurde est détenu depuis 25 ans sur l’île-prison d’Imrali. Depuis plus de trois, il est totalement privé de communication avec le monde extérieur, de même que les trois autres prisonniers politiques de l’île. Faute d’autorisation de la préfecture du Bas-Rhin, les organisateurs de la manifestation ont dû réduire l’action revendicative à une journée. 

Le CPT ignore la torture d’Imrali

Des centaines de Kurdes venus de France, d’Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas ont participé au rassemblement. Le lieu avait été choisi avec soin – le quartier européen abrite en effet le Conseil de l’Europe et son Comité anti-torture (CPT). Les organisations kurdes d’Europe reprochent à ce dernier d’ignorer la « torture d’Imrali » et de se rendre ainsi complice de la Turquie. En février, une délégation du CPT s’est rendue en Turquie et a visité plusieurs centres de détention. Mais la prison d’Imrali ne figurait pas parmi les lieux visités. 

« L’État a peur d’Öcalan »

Des figures politiques européennes ont également apporté leur soutien à la protestation. Thomas Pringle, député irlandais et soutien de longue date de la cause kurde, a souligné les parallèles entre les résistances en Irlande et au Kurdistan. « L’État turc a peur d’Öcalan et des autres prisonniers politiques, a-t-il déclaré. C’est une résistance digne que ces personnes mènent derrière les barreaux, une résistance qui mérite notre respect à tous ». Pringle a terminé son discours en demandant la libération d’Öcalan. 

Le parlementaire français Emmanuel Fernandes, de la France insoumise, a qualifié les conditions de détention d’Öcalan de « condamnable »: « 25 ans d’internement à la prison d’Imrali, trois ans sans nouvelles, c’est évidemment une situation qui est contraire à l’ensemble des conventions signées par les États membres du Conseil de l’Europe, dont la Turquie. » Et le député français d’appeler à la libération du leader kurde et de tous les prisonniers politiques. 

Fernandes a critiqué en outre l’expulsion par la France de trois militants kurdes vers la Turquie au cours des derniers jours. « L’expulsion de ces jeunes réfugiés ne s’est pas faite en mon nom, ni au nom de mon parti, ni au nom de la gauche française. C’est une honte. Nous sommes aux côtés de nos amis kurdes et nous continuerons à soutenir leur résistance. »