La Suède a de nouveau cédé au chantage de la Turquie sur l’adhésion à l’OTAN, en extradant un autre ressortissant turc.
Rencontre entre le premier ministre suédois Ulf Kristersson et le président turc Erdogan, après la demande d'adhésion de la Suède à l'OTAN

La Suède a de nouveau cédé au chantage de la Turquie sur l’adhésion à l’OTAN, en extradant un autre ressortissant turc.

La Suède a accepté une nouvelle extradition réclamée par Ankara dans le contexte de l’adhésion du pays à l’OTAN. La personne ainsi extradée est un homme de 29 ans du nom d’Ömer Altun, qui a été condamné à 15 ans de prison en Turquie pour escroquerie, a expliqué le ministère suédois de la Justice. En revanche, Stockholm a refusé d’extrader un citoyen suédois que la justice turque accuse d’appartenance à une « organisation terroriste ».

La Turquie bloque depuis plusieurs mois l’adhésion de la Suède à l’OTAN, conditionnant la levée de son véto à l’extradition de personnes recherchées par la justice turque. D’une manière générale, Ankara demande au gouvernement de Stockholm de prendre des mesures plus sévères à l’encontre des personnes accusées de « terrorisme » par la Turquie. Il s’agit principalement d’opposants au régime turc réfugiés en Suède – beaucoup d’entre eux appartenant au spectre kurde. Ils sont utilisés comme monnaie d’échange pour négocier l’accord d’Erdogan à l’adhésion de ce pays nordique à l’OTAN.

La Suède a consenti à l’extradition d’Altun à la condition qu’il soit à nouveau jugé en Turquie. Le ministère suédois de la Justice a donné son accord après que la Cour suprême ait fait droit à la demande d’extradition.

Selon la chaîne suédoise SVT, Altun est en détention provisoire depuis septembre. La durée de la peine de prison qui lui a été infligée résulte de cinq chefs d’accusation pour fraude grave, peut-on lire dans un rapport. L’homme évoque toutefois une extradition pour des motifs politiques. Altun est en effet accusé d’appartenir au mouvement du prédicateur islamiste Fethullah Gülen. Ankara rend l’organisation du père politique de Recep Tayyip Erdoğan, tombé en disgrâce, responsable du coup d’Etat avorté de 2016.

En revanche, le gouvernement de Stockholm a rejeté la demande d’extradition de Mehmet Zakir Karayel, 51 ans, que la justice turque accuse d’appartenir à une « organisation terroriste armée » – en l’occurence, le mouvement Gülen. « Un citoyen suédois ne peut pas être extradé », a écrit le ministère de la Justice pour justifier cette décision. Des dizaines d’autres noms, dont celui de l’éditeur et militant des droits de humain Ragıp Zarakolu, figurent sur la liste des personnes réclamées par Ankara.

Extradition d’un journaliste refusée

La Suède a accepté au moins deux demandes d’extradition turques depuis qu’elle a demandé, avec la Finlande, son adhésion à l’OTAN. Stockholm a toutefois refusé d’extrader plusieurs personnes recherchées par la justice turque. L’une d’entre elles est Bülent Keneş, l’ancien rédacteur en chef du journal turc « Zaman ». Ankara accuse également ce dernier d’être impliqué dans la tentative de putsch d’il y a sept ans.

La Hongrie bloque également l’adhésion de la Suède

Après la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, la Suède et la Finlande ont abandonné leur politique de neutralité militaire de plusieurs décennies, et demandé en mai 2022 leur adhésion à l’OTAN. Le parlement turc a finalement approuvé l’adhésion de la Finlande fin mars. Mais, pour l’heure, le véto contre la Suède n’est toujours pas levé.  Outre la Turquie, la Hongrie s’est jusqu’à présent opposée à l’adhésion de la Suède à l’OTAN.