Le gouvernement turc a destitué ce matin les co-maires kurdes démocratiquement élus des villes de Mardin, Batman et Halfeti pour les remplacer par des administrateurs désignés par l’État.

Le gouvernement turc a destitué ce matin les co-maires kurdes démocratiquement élus des villes de Mardin, Batman et Halfeti pour les remplacer par des administrateurs désignés par l’État.

Ce coup de force, orchestré par le régime AKP-MHP, est perçu par de nombreux observateurs comme un déni flagrant de la démocratie et de la volonté populaire dans les régions kurdes de Turquie.

Cette usurpation a provoqué une vive colère au sein de la population locale, qui s’est mobilisée spontanément pour manifester devant les municipalités concernées. Les rassemblements pacifiques se heurtent cependant à une répression brutale de la police turque, qui tente de disperser les manifestants par des moyens de plus en plus violents. Témoins et associations de défense des droits humains rapportent une violence accrue contre les manifestants kurdes, marquant une nouvelle escalade dans la répression de l’État turc contre les droits des Kurdes.

L’intervention des administrateurs de l’État survient dans un contexte où le leader kurde Abdullah Öcalan a récemment adressé un message réitérant son appel à une résolution pacifique et politique du conflit turco-kurde. Après 43 mois sans aucun contact avec l’extérieur, Monsieur Öcalan a exprimé sa volonté de contribuer, par des moyens politiques, à une paix durable dans la région, rappelant ainsi l’importance du dialogue pour apaiser les tensions. Cependant, alors que cet appel à la paix émerge, le gouvernement turc choisit de répondre par une politique de répression accrue.

Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) a vigoureusement condamné cette prise de contrôle des municipalités kurdes, qualifiant l’acte de « violation grave des principes démocratiques ». Dans un communiqué officiel, le CDK-F a dénoncé la « militarisation des institutions locales » par le régime AKP-MHP et a exhorté la France ainsi que la communauté internationale à condamner ce qu’il considère comme une politique de répression anti-démocratique.

Le CDK-F souligne que la destitution des élus kurdes et leur remplacement par des administrateurs « trustees » a été systématiquement rejetée par les électeurs lors des précédentes élections, ces derniers réaffirmant à chaque occasion leur soutien aux représentants kurdes. En imposant ses propres agents, Ankara ignore non seulement le message de paix, mais réduit les institutions locales à des bastions de l’autoritarisme, aliénant davantage la population kurde.

Le DEM Parti, dont les co-maires destitués sont membres, a également réagi avec fermeté, dénonçant cette manœuvre comme une attaque frontale contre la volonté du peuple kurde et une démonstration du caractère autoritaire du régime actuel. Le DEM Parti a rappelé que ces usurpations, régulièrement rejetées par les urnes, exposent l’échec d’une stratégie visant à écarter la représentation kurde des institutions démocratiques en Turquie.

Appel à une intervention internationale

Les appels en faveur d’une intervention de la communauté internationale se multiplient. Le CDK-F appelle notamment la France à « s’engager activement dans un processus de soutien à la démocratie et aux droits des Kurdes à disposer de représentants élus ». Selon le CDK-F, « la défense des droits démocratiques en Turquie est une responsabilité collective », et des mesures concrètes de la part de la communauté internationale sont indispensables pour éviter l’aggravation du conflit.

Pour les observateurs des droits humains, cet événement souligne l’importance de la question kurde en Turquie et la nécessité d’une solution politique. Le message d’Öcalan, appelant à la paix et au dialogue, contraste fortement avec la réponse du régime, qui s’engage dans une stratégie de contrôle autoritaire, risquant ainsi de prolonger un conflit déjà vieux de plusieurs décennies.

Les regards sont désormais tournés vers la communauté internationale, et plus particulièrement l’Europe, pour des prises de position fermes face à cette situation critique. La France, qui entretient des relations diplomatiques et économiques de premier plan avec la Turquie, pourrait jouer un rôle crucial dans la mobilisation pour le respect des droits démocratiques et dans le soutien aux efforts de paix dans la région.