Les députés du parti DEM ont protesté devant le ministère de l'Intérieur à Ankara contre la destitution des maires kurdes
Les députés du DEM réunis devant le ministère de l'intérieur à Ankara. Au centre, Gülistan Kılıç Koçyiğit, porte-parole du groupe politique au parlement turc.

Les députés du parti DEM ont protesté devant le ministère de l’Intérieur à Ankara contre la destitution des maires kurdes, mettant en garde contre l’augmentation de l’arbitraire en Turquie.

Depuis que les municipalités kurdes de Batman, Mardin et Halfeti ont été placées sous tutelle et leurs maires révoqués par le gouvernement turc le 4 novembre dernier, les manifestations se poursuivent dans de nombreuses villes du Kurdistan.

Les députés du Parti de la démocratie et de l’égalité des peuples (DEM) ont protesté ce jeudi devant le ministère de l’Intérieur à Ankara contre la révocation des maires kurdes et la nomination d’administrateurs d’État à leur place.

Gülistan Kılıç Koçyiğit, vice-présidente du groupe parlementaire du DEM, a dénoncé un “coup d’État” de l’AKP, le parti islamo-nationaliste au pouvoir en Turquie, contre la volonté du peuple, soulignant que depuis 2016, le régime turc avait pratiquement aboli le droit d’élire et d’être élu, en particulier pour la population kurde.

Lors des dernières élections municipales du 31 mars, la majorité de la population a montré un “carton rouge” au gouvernement, a déclaré Koçyiğit. Et d’ajouter : “Plus de 70 % de la population du pays, y compris dans les villes métropolitaines, a censuré le gouvernement AKP au niveau local. Face à la menace de perdre le pouvoir, l’AKP a de nouveau eu recours à la méthode consistant à saper la volonté de l’électorat et à nommer des administrateurs, utilisée depuis 2016. Cela a commencé à Hakkari le 3 juin, pour se poursuivre le 31 octobre à Esenyurt, et le 4 novembre à Mardin, Batman et Halfeti.”

Gülistan Kılıç Koçyiğit a noté que son parti avait déjà averti en 2016 que la destitution illégale des maires ne se limiterait pas au Kurdistan : “Dans ce pays, l’arbitraire est d’abord testé dans les régions kurdes. Tous les actes illégaux sont d’abord commis contre le peuple kurde. Mais il faut savoir que les violations des droits ne se limitent jamais à cette région. L’arbitraire s’étend de là à toutes les provinces et à l’ensemble du pays.”

L’indifférence dans les villes turques face à l’usurpation des municipalités kurdes a conduit à la mise sous tutelle du district d’Esenyurt à Istanbul, gouverné par le CHP (Parti républicain du peuple, kémaliste), a déclaré Koçyiğit. “Tout le monde doit voir ce fait. L’arbitraire est pratiqué contre tous les peuples de Turquie. Il s’agit d’un coup d’État contre la démocratie en Turquie et d’une menace pour nous tous”, a poursuivi la députée kurde.

Faisant appel à l’ensemble de l’opposition, Gülistan Kılıç Koçyiğit a conclu : “Aujourd’hui, nous devons nous dresser côte à côte contre ce gouvernement, nous unir et défendre ensemble la démocratie. D’un côté, ils parlent de paix, de l’autre, ils nomment des administrateurs. Le chemin de la paix ne passe pas par la tutelle. Si tous les peuples de Turquie se tiennent côte à côte, si nous construisons des ponts de fraternité d’Esenyurt à Hakkari, alors nous vaincrons ce pouvoir en place, ce fascisme, et nous construirons une république démocratique dans ce pays malgré l’AKP. Restons côte à côte, écrasons le fascisme main dans la main et coude à coude. Créons la paix à laquelle les peuples de Turquie aspirent. Trouvons un moyen de vivre ensemble dans un pays égal, libre et démocratique.”