Suite aux déclarations publiques de l’ancien fonctionnaire du MIT Mehmet Eymür sur la torture systématique en Turquie, le HDP a déposé une plainte auprès du procureur général d’Ankara.
Mehmet Eymür, ancien chef du département anti-terroriste du service de renseignement turc (MIT), s’est exprimé, dans un entretien publié début novembre par le journal en ligne T24, sur plusieurs meurtres, tortures et attentats commis par le MIT sous sa direction, reconnaissant clairement son implication. Suite à ces déclarations, la commission juridique du Parti démocratique des Peuples (HDP) a annoncé, mercredi matin, avoir saisi le parquet général d’Ankara d’une plainte contre l’ancien agent ainsi que contre les personnes physiques et institutions ayant agi de concert avec lui.
Le HDP fonde sa plainte sur le fait qu’Eymür a décrit comment lui-même et les personnes, autorités et institutions agissant de concert avec lui ont commis des crimes contre l’humanité, contre la constitution de la Turquie et contre le droit international. Le HDP souligne en particulier les déclarations détaillées de l’ancien fonctionnaire du MIT sur la pratique de la torture à l’encontre des personnes détenues. Dans l’interview qui a suscité un grand émoi au sein de l’opinion publique, Eymür parle ouvertement des opérations auxquelles il a participé depuis les années 1970. Sans craindre de conséquences pénales, il reconnait la pratique de la torture qu’il dit ne pas regretter.
Dans l’exposé des motifs de sa plainte, le HDP estime que le réseau étatique au sein duquel Eymür a agi a violé l’interdiction de la torture en Turquie ainsi que la Convention des Nations unies contre la torture. Cette pratique, souligne-t-il, a provoqué de profondes blessures chez les victimes de la torture et dans l’ensemble de la société, et porté une atteinte irrémédiable à l’État de droit. Selon le HDP, Eymür a lui-même fourni les preuves nécessaires à l’enclenchement d’une procédure pénale.