Les députés du DEM ont manifesté à Ankara pour exiger la libération des personnes condamnées dans le procès Kobanê
Les députés du DEM tenant les portraits de Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, anciens coprésidents du HDP condamnés respectivement à 42 ans et 30 ans de prison dans le procès Kobanê

Le groupe DEM a manifesté à Ankara, du Parlement au ministère de la Justice, pour exiger la libération des hommes et femmes politiques condamnés dans le procès de Kobanê et appeler l’opposition en Turquie à une lutte commune pour la justice et la démocratie.

Les députés du Parti de la Démocratie et de l’Égalité des Peuples (DEM) ont protesté à Ankara contre les verdicts du procès dit de Kobanê, appelant l’opposition en Turquie à une lutte commune. Dans une déclaration devant le bâtiment du Parlement, la vice-présidente du groupe parlementaire Gülistan Kılıç Koçyiğit a expliqué le contexte du procès qui concernait 108 personnes, dont les membres de l’ancienne direction du Parti démocratique des Peuples (HDP, prédécesseur du DEM). 

Jeudi dernier, 24 des personnes mises en cause dans ce procès-spectacle qui se déroulait à Ankara ont été condamnées à de lourdes peines de prison, pour avoir appelé à manifester en octobre 2014 en soutien à Kobanê, la ville kurde du nord de la Syrie qui était alors sous le feu des attaques du groupe djihadiste État islamique (EI). Les anciens coprésidents du HDP, Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, incarcérés depuis novembre 2016, ont été condamnés à des peines records, à savoir respectivement 42 et 30 ans de prison. Douze autres prévenus ont été acquittés. Le cas des autres personnes mises en cause fait l’objet d’une procédure disjointe.

La députée DEM Gülistan Kılıç Koçyiğit a fait remarquer que le jour du verdict du procès de Kobanê, sept généraux condamnés comme putschistes avaient été libérés. « Ce n’est pas un hasard, c’est révélateur de la stratégie actuelle du gouvernement », a-t-elle ajouté. Mis en difficulté, le gouvernement AKP (le parti islamiste du président turc Erdogan) utilise la justice comme un instrument pour durcir le front contre l’opposition démocratique kurde et rester au pouvoir. « Nous allons intensifier notre lutte pour la démocratie, l’égalité, la liberté et la paix en Turquie. Nous appelons tous les groupes sociaux, en particulier le principal parti d’opposition [le parti kémaliste CHP], à se battre avec nous contre ce régime d’injustice. Seule une lutte commune nous permettra d’ouvrir une nouvelle ère pour la Turquie. Les résultats des élections du 31 mars ont ouvert une porte. Il est de notre ressort de pousser cette porte jusqu’au bout et construire une république démocratique afin de permettre une vie sociale égale et libre. »

Après la déclaration, les députés ont marché vers le ministère de la Justice avec des photos des personnes condamnées, exigeant leur libération. Devant le ministère de la Justice, le vice-président du groupe parlementaire DEM, Sezai Temelli, a pris la parole pour dénoncer l’absence de justice en Turquie et appeler à une solution politique à la question kurde, seul moyen de remettre la Turquie sur le chemin de la démocratie.