Mehmet Alkan, co-maire de Kagizman, dans la province kurde de Kars, a été condamné jeudi à une peine de prison de plus de six ans
Mehmet Alkan, co-maire de la ville de Kagizman, dans la province de Kars

Mehmet Alkan, co-maire de Kagizman, dans la province kurde de Kars, a été condamné jeudi à une peine de prison de plus de six ans pour terrorisme. Le politicien interprète cette décision comme une préparation à la mise sous tutelle de la mairie.

Le co-maire de la ville kurde de Kagizman, Mehmet Alkan, a été condamné jeudi à une peine de prison pour « participation à une organisation terroriste » par un tribunal de Kars. Le jugement n’est pas encore définitif.

L’élu du DEM (Parti de la démocratie et de l’égalité des peuples) n’a pas pu participer au procès en raison d’une tempête de neige. Cependant, le tribunal a rejeté sa demande de renvoi. Durant le procès, les avocats de Mehmet Alkan ont critiqué à plusieurs reprises le fait que les preuves présentées par l’accusation et provenant de la police auraient été manipulées. Ils ont soutenu que les éléments du dossier n’étaient pas suffisants pour fonder des poursuites contre le politicien.

L’homme de 71 ans a pour sa part dénoncé un jugement « prédéterminé » visant à le démettre de ses fonctions électorales. « Si je n’étais pas le co-maire de cette ville, j’aurais été acquitté. J’ai été condamné uniquement parce que le gouvernement projette de placer la mairie de Kagizman sous tutelle. La population de Kagizman n’acceptera pas cette usurpation de la volonté du peuple », a déclaré l’élu.

Alkan avait remporté l’élection au poste de maire du district de Kagizman en mars 2024 avec 32,68 % des voix, bien devant le maire sortant du parti ultranationaliste MHP, qui n’avait obtenu que 25% des voix. 

La vice-présidente du groupe parlementaire DEM au Parlement turc, Gülistan Kılıç Koçyiğit, a qualifié le jugement rendu contre l’ancien enseignant de « signe évident de la politisation de la justice » et d’instrumentalisation des lois. « Mehmet Alkan a été condamné au mépris des principes fondamentaux du droit. »

Depuis que le verdict contre le co-maire a été rendu public, on observe une présence policière accrue aux alentours de la mairie de Kagizman, ce qui fait craindre un placement de la mairie sous tutelle administrative dans les jours qui viennent.

Depuis les élections municipales de mars 2024, le régime turc a placé onze mairies sous tutelle administrative, la dernière en date étant la mairie métropolitaine de Van. Plusieursa maires destitués se trouvent aujourd’hui derrière les barreaux. Neuf des communes concernées étaient dirigées par le parti DEM, et les deux autres par le parti kémaliste CHP.