Commentant les dernières déclarations du CPT concernant l’isolement carcéral sur l’île-prison d’Imrali, l’avocate Raziye Öztürk a critiqué l’incohérence de l’organe européen dans le traitement de la question.
L’avocate Raziye Öztürk, membre du cabinet juridique Asrin, a accusé le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) d’incohérence quant à la question de l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan et de ses codétenus dans la prison turque de l’île d’Imrali. S’adressant à l’ agence de presse Fırat News (ANF) le 23 juillet, l’avocate d’Öcalan a affirmé que les récentes déclarations du CPT contredisaient ses précédentes recommandations ainsi que la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
« Le CPT pourrait engager une procédure pour non-respect des recommandations par la Turquie, mais il s’abstient de le faire. Ce comportement met en évidence le double standard du CPT à l’égard du gouvernement turc », a déclaré Mme Öztürk.
Tout en reconnaissant l’importance des déclarations du CPT, Öztürk les a critiquées: “L’impression donnée est qu’il n’y a pas de mauvais traitements de la part de l’administration ou du personnel de la prison, mais seulement des restrictions sur les visites des avocats et des familles. Cela contredit leurs conclusions précédentes et l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme. Le fait que nos clients soient au secret depuis plus de 40 mois est inhumain”, a-t-elle déclaré.
L’avocate inscrite au barreau d’Istanbul a souligné en outre l’impact de l’isolement d’Öcalan sur l’ensemble du peuple kurde. “Cette question n’affecte pas seulement nos clients, mais aussi leurs familles et le peuple kurde dans son ensemble. Toute la société kurde est affectée par le traitement imposé à M. Öcalan.”
Pour finir, Mme Öztürk a fustigé l’inaction du CPT vis-à-vis de la Turquie. Elle a noté à cet égard l’absence de la Turquie dans le programme des visites prévues en 2025. “Malgré les abus en cours, le CPT semble écarter Imrali de son agenda.”
Le CPT est fréquemment critiqué pour sa gestion de l’isolement carcéral sur l’île d’Imrali. Répondant à des questions d’ANF, Hans Wolff, vice-président du CPT, a reconnu les préoccupations concernant l’isolement d’Öcalan mais n’a pas répondu aux questions concernant les mesures à entreprendre pour mettre fin à cette violation des droits humains.
Le CPT s’est rendu neuf fois sur l’île d’Imrali, la dernière visite remontant à septembre 2022. Le rapport concernant cette visite n’a toujours pas été publié, faute d’autorisation de la Turquie.