De retour du Sud-Kurdistan où il a participé à une délégation internationale pour la paix, le sénateur Pierre Laurent a donné ce jeudi une conférence de presse au Sénat afin de témoigner de la situation dans cette région du nord de l’Irak confrontée aux agressions militaires incessantes d’Ankara. « Nous voulons briser le silence », a-t-il déclaré, appelant à une solidarité accrue avec les Kurdes.
Conférence de presse organisée au Sénat à l'initiative de Pierre Laurent, ce jeudi 17 juin 2021. Photo Rojinfo.

De retour du Sud-Kurdistan où il a participé à une délégation internationale pour la paix, le sénateur Pierre Laurent a donné ce jeudi une conférence de presse au Sénat afin de témoigner de la situation dans cette région du nord de l’Irak confrontée aux agressions militaires incessantes d’Ankara. « Nous voulons briser le silence », a-t-il déclaré, appelant à une solidarité accrue avec les Kurdes. 

Pierre Laurent, vice-président du Sénat, était le 14 juin à Erbil (Hewlêr), la capitale du Sud-Kurdistan, à l’invitation du Congrès national du Kurdistan (KNK), pour participer à une initiative de solidarité avec les Kurdes. La mission du groupe de solidarité composé d’une centaine d’élus et de militants européens, dont beaucoup sont encore sur place, est d’observer les conséquences de l’offensive militaire turque et de briser ainsi le silence sur cette opération d’invasion menée avec l’appui du Parti démocratique du Kurdistan (PDK dirigé par le clan Barzani) au pouvoir dans la région.

La Turquie a lancé le 23 avril une vaste opération aérienne et terrestre dans plusieurs zones du Kurdistan irakien, disant vouloir éradiquer la présence de la guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la région. Cependant, cette nouvelle campagne militaire dénoncée par beaucoup comme une tentative d’annexion de ce territoire frontalier de la Turquie, vise aussi la population civile : les bombardements ont fait jusqu’ici de nombreux blessés ainsi que des morts, et provoqué le dépeuplement de centaines de villages. L’armée turque procède par ailleurs à une déforestation massive des zones visées, coupant des arbres et incendiant les forêts.

Appelant à la solidarité avec les Kurdes, M. Laurent a souligné la dangerosité des attaques d’invasion turques au Sud-Kurdistan. La Turquie est engagée dans « une nouvelle aventure militaire très dangereuse », a-t-il dit, demandant au gouvernement français quelles relations il comptait entretenir avec le régime d’Erdogan, au regard de cette situation.

Rappelant la rencontre du ministre des affaires étrangères turc avec son homologue français le 6 juin, puis celle du président Emmanuel Macron avec le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan en marge du sommet de l’OTAN, le sénateur a critiqué le silence des autorités françaises sur le contenu de ces entretiens. Et de noter à cet égard qu’une tentative d’ « apaisement » à ce stade serait « très dangereuse ».

Évoquant sa participation à l’initiative pour la paix au Kurdistan, l’ancien secrétaire national du Parti communiste a indiqué que de nombreux membres de la délégation avaient été refoulés à Erbil alors que d’autres avaient été bloqués à Düsseldorf et empêchés de prendre le vol à destination de la capitale kurde.  Lui-même avait été bloqué un moment au Qatar à la demande des autorités du Sud-Kurdistan, avant que le Consul français à Erbil n’intervienne pour lui permettre de se rendre sur place. 

« Nous voulons briser le silence, nous voulons créer un mouvement social. Car en termes de solidarité avec le peuple kurde, il y a une opportunité de créer une grande mobilisation en Europe. Mais on nous a refusé l’accès aux informations sur ce qui se passait là-bas », a-t-il ajouté, faisant référence aux entraves multiples par lesquelles le parti de Barzani a tenté d’empêcher la délégation de mener sa mission à bien.

Appelant à mettre un terme aux bombardements de l’armée turque, Pierre Laurent a dit craindre toutefois que les tractations d’apaisement entre la France et le régime d’Erdogan ne se fassent sur le dos des Kurdes.  

« L’UE devrait retirer le PKK de la liste des organisations terroristes. Il est nécessaire de développer un dialogue avec toutes les formations kurdes afin de produire une solution », a-t-il souligné.

« Notre objectif est de briser le silence », a conclu le sénateur communiste, alertant sur le danger que représente le régime d’Erdogan pour les peuples de la région.