Un blessé pris en charge par les secours après l'attaque de drone turque qui a fait 2 morts et 7 blessés à Tall Rifat, mercredi matin

La Turquie a de nouveau frappé le nord de la Syrie ce matin. La ville de Tall Rifat, dans le canton de Shehba, a été ciblée par un drone de combat. L’attaque, qui a fait trois morts et cinq blessés, s’inscrit dans un élargissement de l’agression militaire menée par Ankara dans le nord de la Syrie.

Trois personnes ont perdu la vie dans l’attaque de drone menée ce mercredi matin par l’armée turque dans la ville de Tall Rifat, au nord de la Syrie. Deux des victimes ont été identifiées. Il s’agit de Fatime Osman Mamo, 22 ans, et de Reşid Eliko, 28 ans. La frappe a fait par ailleurs cinq blessés, dont un enfant. Une précédente attaque de drone turque dans cette ville du canton de Shehba avait blessé neuf personnes, dont six enfants et adolescents, le 4 août dernier.

Selon l’agence de presse Hawarnews (ANHA), la Turquie a élargi et intensifié ses attaques sur le nord de la Syrie depuis la nuit dernière. Dans la matinée, des tirs d’artillerie ont commencé sur le village de Tall al-Lubn près de Tall Tamr. À peu près au même moment, le village de Cetelê, près de Dirbêsiyê, a été attaqué. Ce village avait déjà été la cible de l’artillerie turque vendredi dernier.

Les tirs se sont également poursuivis plus à l’ouest, dans le canton de Shehba, ainsi que dans celui de Shêra, à Afrin. Plusieurs villages situés dans ces cantons ont été massivement bombardés par des tirs d’obus mardi soir. Aucune information n’est disponible à l’heure actuelle concernant le bilan de ces attaques.

Depuis le 19 juillet, les frappes turques ont tué au moins 62 personnes dans les régions autonomes du nord et de l’est de la Syrie. Il s’agit souvent de civils, dont des enfants et des adolescents. La semaine dernière, une attaque de drone a ciblé un centre éducatif soutenu par l’ONU, entre Tall Tamr et Hassaké. Quatre jeunes filles ont perdu la vie dans cette attaque.

Tall Rifat et la région de Shehba

Tall Rifat est située dans le canton de Shehba, au nord d’Alep. En 2012, Tall Rifat et ses environs avaient été occupés par des unités de l’Armée syrienne libre (ASL) contrôlée par la Turquie et par le Front Al-Nosra, une branche d’Al-Qaida. En 2015, l’État islamique (EI) s’est emparé de toute la région, à l’exception de quelques localités. La région avait ensuite été libérée par les Forces démocratiques syriennes (FDS). Après l’occupation de la région limitrophe d’Afrîn par la Turquie en mars 2018, un corridor a été ouvert pour la population civile à la demande de la Russie, après des discussions entre la Russie et les FDS. Dans le cadre de cet accord, les FDS ont dû se retirer et laisser la place à des troupes russes, syriennes et iraniennes.

Près de 100.000 réfugiés d’Afrîn vivent aujourd’hui à Shehba selon les données de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES). S’y ajoutent 150.000 personnes qui ont fui l’occupation turque dans des régions telles que Azaz, Djarablus et Bab. Avant les déplacements provoqués par les invasions turques, la région, essentiellement désertique, ne comptait que 90.000 habitants. Malgré des conditions difficiles, beaucoup de déplacés d’Afrin ont décidé de rester dans la région, dans l’attente d’une libération de leurs terres.