La compagnie « Bien à vous Armanc Kerboranî » et la dessinatrice et journaliste Zehra Dogan ont réalisé, à l’entrée du musée du Louvre, une performance remarquée, pour alerter sur le danger qu’encourt Hasankeyf, un site antique menacé d’engloutissement par un projet de barrage du gouvernement turc, au Nord-Kurdistan.
Les visiteurs du Louvre ont pu assister ce jeudi 27 juin, en fin d’après-midi, à une manifestation peu commune pour un musée: Un homme se tenant debout au milieu du hall d’entrée du Louvre, les bras tendus à l’horizontale, le corps recouvert de peintures ; un autre assis à proximité, nu, portant juste un slip. Derrière lui, une femme en noir, à la longue chevelure mouillée, en train de dessiner sur son dos au crayon noir. Autour de ces personnages, des photos éparpillées sur le sol.
Au début, le spectateur peine à comprendre de quoi il s’agit. Mais au fil des secondes et des minutes, on voit se dessiner sur le dos de l’homme assis par terre HASANKEYF. On comprend alors que l’homme debout figure le site antique de Hasankeyf, ses monuments millénaires, son ciel bleu et le fleuve du Tigre.
Située sur les rives du Tigre, dans la province de Batman, au Nord-Kurdistan, Hasankeyf est assise sur un patrimoine culturel inestimable portant les traces d’une vingtaine de cultures différentes qui ont occupé ce site au fil de ses 12.000 ans d’histoire. Selon l’association environnementale « Initiative pour sauver Hasankeyf », bien que le site réponde à neuf des dix critères alternatifs pour figurer sur la liste du patrimoine mondial, il n’a pas été reconnu en tant que tel par l’UNESCO.
Hasankeyf et 400 autres sites archéologiques se trouvant dans la vallée du Tigre sont menacés par le projet du barrage d’Ilisu, décrié par de nombreuses associations écologiques et environnementales ainsi que par les organisations du mouvement kurde, en particulier le Parti démocratique des Peuples (HDP), qui dénoncent un génocide culturel.
L’annonce récente par le gouvernement turc de la mise en eau du barrage le 10 juin avait d’ailleurs soulevé une vague de contestation dans la région, mais aussi partout dans le monde, en particulier au sein de la diaspora kurde. Les autorités turques avaient ensuite annoncé le report de la mise en eau, sans donner de nouvelle date.
Contactés par Rojinfo, les comédiens de la compagnie « Bien à vous Armanc Kerboranî », Juan-Golan Elibeg et Thomas Lamouroux, ont fait la déclaration suivante : « En tant qu’artistes, nous ne pouvons pas laisser Hasankeyf être noyée par les eaux de ce barrage qui ne nous amène rien. Hasankeyf fait partie du patrimoine de l’humanité. »
Ils ont tenu par ailleurs à remercier la journaliste et dessinatrice kurde Zehra Dogan pour sa participation notable à cette performance. Emprisonnée pendant près de deux ans en Turquie pour un dessin représentant le siège de la ville kurde de Nusaybin par l’armée turque en 2016, Zehra Dogan a été libérée en février 2019.
Estimant que la destruction du patrimoine que revêt Hasankeyf est un crime contre l’humanité, la compagnie « Bien à vous Armanc Kerboranî » entend bien répéter sa performance militante dans d’autres lieux emblématiques, ceci afin de briser le silence des organisations internationales telles que l’UNESCO. À suivre…
[…] de détruire la ville historique de Hasankeyf. Le groupe s’est produit récemment à Paris au musée du Louvre, 27 juin 2019, puis à Berlin au musée Pergamum, devant la porte d’Ishtar, le13 Juillet […]
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