À l’appel du Conseil démocratique kurde en France et de plusieurs organisations et partis français, de nombreuses personnes sont descendues dans les rues de Paris, ce dimanche, pour dénoncer l’invasion turque au Kurdistan.
Au moins mille personnes ont répondu, ce dimanche 4 juillet, à l’appel à « défendre le Kurdistan contre l’invasion turque » lancé par le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) et plusieurs partis et organisations françaises, dont le Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), le Parti communiste français (PCF) et la France insoumise.
Le 23 avril, la Turquie a lancé une opération militaire de grande envergure au Sud-Kurdistan. Cette opération transfrontalière contre la région kurde du nord de l’Irak qui abrite les bases de la guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) est loin d’être la première, puisque l’armée turque y mène depuis des années des offensives aériennes et terrestres, prétextant la lutte contre le PKK. Au fil du temps, elle a établi des dizaines de bases militaires dans la zone. Ses activités militaires ont conduit par ailleurs au dépeuplement de centaines de villages et causé la mort de nombreux civils.
La manifestation qui a commencé à 14 heures par une marche au départ de la Gare du Nord, s’est terminée sur la place de la République avec des prises de parole et un concert de musique. Elle visait à dénoncer la « guerre antikurde » et l’expansionnisme du régime d’Erdogan.
Dans le cortège, on pouvait voir de nombreuses pancartes dénonçant l’occupation du Kurdistan par la Turquie et appelant la communauté internationale à sortir de son silence pour stopper « le fascisme turc ». D’autres alertaient sur le danger que représente pour l’Europe le régime d’Erdogan qualifié de « vitrine légale du djihadisme ». Les manifestants ont condamné en outre la politique d’apaisement du président français Emmanuel Macron avec le « leader mondial de l’islamo-fascisme », une référence au président turc Recep Tayyip Erdogan.
Le rassemblement sur la place de la République a commencé par quelques prises de parole. Intervenant au nom du CCAF, Ara Toranian a exprimé sa solidarité avec le peuple kurde « victime des agressions du régime d’Erdogan et des milices d’Al-Qaïda et de Daesh », ajoutant : « nous sommes aux côtés du peuple kurde car il est notre allié (…) Nous voulons une solution politique pour le peuple kurde ». Et de souligner que la solution politique dépend de la libération de « notre camarade Abdullah Öcalan ». Le coprésident du CCAF a par ailleurs exhorté la France à agir contre un « État fasciste » qui martyrise sa population. Il a conclu son discours par un appel à l’unité des peuples contre le régime d’Erdogan, faisant référence principalement aux peuples kurde et arménien.
« Macron fait des affaires économiques avec le dictateur Erdogan », a déclaré, quant à lui, Jean-Christophe Sellin, co-coordinateur national du Parti de Gauche. Et de poursuivre : « L’actuel ambassadeur est l’ami de Macron et l’ancien est celui qui a fait assassiner nos amies kurdes », faisant référence à Ismail Hakki Musa, ex-ambassadeur turc en France, qui était responsable des services de renseignement turcs (MIT) au moment de l’assassinat à Paris, en janvier 2013, de trois militantes kurdes par un membre du MIT. M. Sellin a en outre appelé au retrait du PKK de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.
Prenant la parole à son tour, Jérémie Chomette, directeur de la Fondation Danielle Mitterrand, a évoqué la retenue des eaux de l’Euphrate par la Turquie, qui provoque au Rojava de « gros problèmes sur l’électricité, l’agriculture et l’accès à l’eau ». Ayant séjourné récemment, pendant 10 jours, dans la région kurde du nord de la Syrie, M. Chomette a dénoncé les crimes de la Turquie qui « empêche les populations de vivre ».
Une autre intervention a été celle du député François Pupponi qui a assuré « le peuple kurde du soutien d’un certain nombre d’élus ». « Continuez et ne lâchez rien », a-t-il dit à l’adresse des Kurdes dont il a loué « le combat juste ».
À la suite des prises de parole, la chanteuse berbère Fatoum a ouvert le concert, exprimant son émotion de chanter pour un peuple dont le sort est semblable à celui des berbères.
« Je suis heureux de retrouver mes frères et sœurs. On a tous le même chemin et on va gagner sûrement », a déclaré, ému, le chanteur arménien Vicken Tarpinian, avant d’entonner des chansons arméniennes traditionnelles connues également des Kurdes. Sa prestation a été suivie de celle du Trio Gayaneh, également arménien.
Le chanteur kurde emblématique Sivan Perwer a clos le concert, avec des chansons kurdes traditionnelles.