Figure politique marquante de la gauche turque et fervent artisan du dialogue kurdo-turc, Sırrı Süreyya Önder est décédé samedi 3 mai à Istanbul, à l’âge de 61 ans.
Hospitalisé en soins intensifs depuis un grave malaise cardiaque survenu le 15 avril, l’ancien député et membre de la délégation d’Imralı s’est éteint à 16h10 à l’hôpital Florence Nightingale, des suites d’une défaillance multiviscérale.
L’annonce a provoqué une vive émotion à travers la Turquie et le Kurdistan, tant la personnalité d’Önder, mêlant humour, culture et engagement sans faille pour la paix, avait su marquer les esprits bien au-delà des clivages partisans.
Un parcours engagé, de la poésie à la politique
Né à Adıyaman en 1962, Sırrı Süreyya Önder s’est d’abord illustré dans les milieux artistiques et intellectuels. Poète, écrivain, réalisateur de cinéma, il a mis son talent au service des causes sociales. Mais c’est par son engagement politique qu’il gagne une place centrale dans la vie publique turque, notamment en tant que député du HDP (Parti démocratique des peuples), puis récemment en tant que vice-président du Parlement au nom du DEM Parti.
En tant que membre de la délégation chargée du dialogue avec Abdullah Öcalan, leader kurde emprisonné sur l’île d’Imralı, Önder a joué un rôle crucial dans les pourparlers de paix entre l’État turc et le PKK au début des années 2010. Son implication dans les discussions les plus sensibles et sa proximité avec les aspirations populaires lui avaient valu le respect de nombreux acteurs de la société civile et de la classe politique, y compris parmi ses adversaires.
Une fin de vie marquée par l’engagement pour la paix
Le 15 avril, Önder avait été admis en urgence à l’hôpital suite à un arrêt cardiaque. Les médecins ont diagnostiqué une dissection aortique, nécessitant une intervention chirurgicale lourde : remplacement de la valve aortique, greffe de l’aorte ascendante et un pontage coronarien. Malgré la mise sous assistance circulatoire extracorporelle (ECMO) et un suivi intensif, son état neurologique s’est dégradé rapidement, menant à une défaillance multiviscérale.
Durant son hospitalisation, de nombreux responsables politiques, artistes, représentants d’organisations civiles et citoyennes avaient exprimé leur soutien et leur inquiétude. Des centaines de messages de solidarité avaient afflué de tout le pays et de la diaspora kurde.
Une voix de la paix qui s’éteint, mais dont l’écho demeure
Pour le DEM Parti, la disparition de Sırrı Süreyya Önder est une perte immense. Dans un communiqué, le parti a salué “l’héritage d’un combattant de la paix, d’un intellectuel libre, d’un homme qui n’a jamais renoncé à la voie du dialogue même dans les heures les plus sombres de l’histoire récente”.
Plusieurs rassemblements sont attendus dans les jours à venir pour lui rendre hommage. La date et le lieu de ses funérailles devraient être annoncés prochainement.
Sırrı Süreyya Önder laisse derrière lui une empreinte indélébile dans la mémoire collective des peuples de Turquie, du Kurdistan et d’ailleurs — celle d’un homme qui, toute sa vie durant, aura tenté de faire dialoguer les douleurs du passé avec les espoirs d’un avenir commun.