À l’approche de l’anniversaire du génocide de Shengal (Sinjar), les femmes yézidies ont marché dans les rues de la ville où elles avaient été enchaînées par l’organisation État islamique il y a presque 7 ans.
Lorsque l’État islamique (EU) s’est emparé de Shengal, au Sud-Kurdistan (Irak), le 3 août 2014, il a exécuté des milliers d’hommes et de garçons, enrôlant de force de nombreux autres dans ses camps d’entraînement. Dans le même temps, des milliers de femmes et de filles ont été enlevées, torturées et réduites en esclavage sexuel par le groupe terroriste.
Environ 10 000 Yézidis ont été tués ou enlevés au cours de l’invasion de Shengal par l’organisation djihadiste, selon un rapport publié en 2019 par le London School of Economics Middle East Centre.
Le Musée commémoratif de l’Holocauste aux États-Unis et la Commission internationale indépendante d’enquête des Nations unies sur la Syrie ont publié des rapports respectivement en 2015 et 2016, considérant que l’EI avait commis un génocide, ainsi que des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, dans son offensive contre les Yézidis de Shengal.
À l’approche de l’anniversaire du génocide, des centaines de femmes yézidies ont participé à une « marche de la liberté » dans la rue Suka Kevin où les djihadistes les avaient forcées à marcher enchaînées, 7 ans auparavant. Un groupe de femmes enchaînées et drapées de noir marchait en tête de cortège pour rappeler les atrocités commises par l’EI, particulièrement contre les femmes yézidies.
« Le 3 août 2014, des milliers de femmes yézidies ont dû marcher dans les rues comme des esclaves. Nous voulons transformer la ‘marche du génocide’ qui a commencé dans cette rue en une ‘marche de la liberté’, en défilant librement dans cette rue », a déclaré Hefime Sileman, s’exprimant au nom du Mouvement des Femmes yézidies libres (TAJÊ).
« Nous avons vécu la douleur de nos enfants, de nos filles, de nos maris. Pour ne pas revivre une telle souffrance, nous voulons l’autonomie. Nous avons formé notre propre asayish [sécurité] pour nous défendre. Nous avons formé notre organisation militaire et nous nous sommes organisées en tant que femmes », a déclaré Mme Sileman.
Et d’ajouter : « Si nous ne libérons pas complètement Shengal, nos cœurs resteront blessés. Aussi longtemps que nous respirerons, nous protégerons nos terres. Nous ne quitterons pas nos terres. Nous ne les laisserons pas aux mains de l’ennemi. »
Durant la marche, une femme âgée a exprimé sa colère contre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, au pouvoir au Sud-Kurdistan) : « Quand I’EI a enlevé nos filles, quand il a vendu nos filles comme esclaves sur les marchés, qu’a fait le PDK ? »
À la fin de la manifestation, les femmes ont retiré leurs chaînes et mis le feu à leurs voiles noirs.