Depuis plusieurs jours, la Turquie intensifie ses attaques sur la ville de Aïn Issa, dans le nord de la Syrie. Ces dernières agressions révèlent des préparatifs de guerre massifs du régime d’Erdogan contre les zones gérées par l’AANES, selon le commandant des FDS
Depuis une semaine, on assiste à une intensification des attaques menées par la Turquie et ses alliés de l’Armée nationale syrienne (ANS, formation composée de factions djihadistes, créée par Ankara) contre Aïn Issa, dans la région gouvernée par l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES). Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont cependant réussi à contrecarrer plusieurs tentatives des assaillants de pénétrer dans la ville.
Ces dernières attaques des forces d’occupation turques et de leurs mercenaires alliés ont visé plusieurs zones d’habitation civiles le long de l’autoroute M4, ainsi que le camp de réfugiés de Aïn Issa, provoquant des dégâts matériels importants. Selon Aziz Xerbîsan, commandant des FDS, elles dénotent des préparatifs de guerre massifs du régime d’Erdoğan contre le nord et l’est de la Syrie. Parallèlement aux attaques qui se poursuivent encore aujourd’hui, des avions de reconnaissance de l’armée turque survolent continuellement la zone.
Aziz Xerbîsan a coordonné l’opération de défense contre les forces d’occupation dans le village de Seyda pendant la nuit du 21 au 22 octobre. « L’attaque était bien organisée, a-t-il déclaré ; l’armée turque et les mercenaires alliés ont essayé d’entrer dans la ville par trois côtés, à partir du village de Seyda au nord-est, et via la route M4 et le camp de Aïn Issa au nord-ouest. Il y avait une cinquantaine d’assaillants. »
Estimant que les forces d’occupation avaient planifié un massacre, le commandant s’est réjoui de ce que ces plans aient été contrecarrés par le Conseil militaire de Ain Issa, une composante des FDS. Lors des combats, qui ont duré plusieurs heures, dix djihadistes ont été tués et plusieurs autres blessés. « Ce n’est pas la première tentative d’occupation de Aïn Issa. La ville est régulièrement attaquée ; nos forces ripostent à toutes les attaques », a souligné Xerbîsan.
La Russie ignore les attaques turques
Bien que l’agression se soit déroulée sous les yeux des forces russes et syriennes, ni la Russie, ni le régime syrien ne sont intervenus, a noté Xerbîsan qui a ajouté ceci : « Les agresseurs se concentrent principalement sur les zones habitées en bordure de la M4, entre Aïn Issa et la municipalité de Çelebiyê au sud de Kobanê. Les attaques ont causé d’importants dégâts matériels aux habitations et aux terres agricoles de la population civile. Même les automobilistes se font tirer dessus. L’objectif principal de ces attaques est de forcer la population locale à quitter la région. Ces attaques sont des crimes de guerre. Les États-Unis et la Russie qui ont présidé à la signature de l’accord de cessez-le-feu en automne dernier, se contentent d’observer. »
Les forces d’occupation augmentent le nombre de leurs bases
Il est évident que l’État turc et ses milices se préparent à une guerre majeure contre Aïn Issa et l’ouest de la région de Girê Spî (Tall Abyad), a déclaré le commandant des FDS, ajoutant : « Nous savons que des de tunnels ont été creusés et sommes au courant des transports d’armes. Par ailleurs, les forces d’occupation s’efforcent d’augmenter le nombre de leurs bases et points de contrôle. Nous avons déjà repéré plusieurs de leurs positions près du village de Seyda. Leur prochain objectif est vraisemblablement d’établir une base dans le village même. »
« Nous répliquerons à toute forme d’attaque sur la base de notre droit à l’autodéfense ; il est hors de question de quitter nos positions défensives », a déclaré le commandant, soulignant que les FDS entraveraient toute opération d’occupation de Aïn Issa.
L’autoroute stratégique M4
La route internationale M4 est un axe hautement stratégique traversant le nord de la Syrie d’est en ouest. S’étendant du poste-frontière de Rabia, à la frontière avec l’Irak, jusqu’à Alep, elle revêt une importance vitale, notamment pour l’approvisionnement de la population civile. Depuis l’autoroute M4, il existe des routes de liaison vers Damas et les pays arabes. Cet axe routier occupe une place clé dans les plans d’occupation de la Turquie, notamment en raison de sa proximité avec les villes de Raqqa et Deir ez-Zor. En en prenant le contrôle, le régime d’Erdogan se rapprocherait de ses ambitions néo-ottomans visant à étendre ses frontières, vers le sud, aux régions syriennes de la bande frontalière, ce qui lui permettrait par ailleurs de transporter le pétrole de Kirkuk et Deir ez-Zor jusqu’à la Méditerranée.
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