Le tribunal a rejeté la demande de mise en liberté de Sebahat Tuncel et Gültan Kisanak détenues depuis 2016.
Les femmes politiques kurdes Sebahat Tuncel (à gauche) et Gultan Kisanak (à droite) sont détenues depuis près de 5 ans par le régime turc

Le procès contre Sebahat Tuncel et Gültan Kisanak a été reporté pour la 11e fois. Le tribunal a rejeté la demande de mise en liberté des deux femmes politiques kurdes détenues depuis 2016.

La 11e audience du procès contre Sebahat Tuncel, ancienne coprésidente du Parti des Régions démocratiques (DBP, filiale régionale du HDP) et Gültan Kisanak, co-maire destituée de la ville métropolitaine de Diyarbakir, s’est tenu vendredi 21 mai, à Malatya. Les deux femmes accusées de propagande et participation à une organisation terroriste ont assisté à l’audience depuis la prison, via un système de visioconférence.

Répondant à la question des juges concernant l’association humanitaire Sarmasik fermée par décret-loi, l’ancienne co-maire de Diyarbakir a déclaré : « Les accusations portées contre moi concernant l’Association Sarmasik sont de la pure fiction. Quand l’AKP aide, il n’y a pas de problème, quand j’aide, je deviens une ʺterroristeʺ. Peut-on faire une distinction entre les pauvres ? »

Sebahat Tuncel a, quant à elle, dénoncé le procès « Kobanê » qui se tenait le même jour dans le complexe pénitentiaire de Sincan, à Ankara, et dans lequel elle est également poursuivie, avec une centaine d’autres dirigeants et membres du Parti démocratique des Peuples (HDP). « Il s’agit d’une conspiration contre les politiciens kurdes », a-t-elle déclaré.

Soulignant que ce procès avait été orchestré par le gouvernement turc et, en particulier, par le ministre de l’Intérieur, Süleyman Soylu, Mme Tuncel a déclaré : « Des millions de personnes ont observé la relation entre Süleyman Soylu et les gangs. La Turquie est en train de trembler. Mais pas un procureur n’agit. Par contre, quand il s’agit des Kurdes, les réactions sont immédiates. »

Cihan Aydın, l’un des avocats de la défense, a dénoncé la durée excessive du procès, déclarant qu’il durait depuis 4 ans et demi. Et de fustiger les juges : « C’est une honte pour votre travail et la robe que vous portez ! »

Après avoir rejeté les demandes de mise en liberté déposées par les avocats des deux femmes politiques, le tribunal a ajourné le procès au 22 juillet.