Le 28 décembre 2011, 34 personnes, dont dix-neuf mineurs, ont péri sous les bombes de l’aviation turque, dans la province kurde de Sirnak. Huit ans plus tard, les familles demandent toujours la justice et la vérité.

Dans le village frontalier de Roboski, situé à Uludere, dans la province de Şirnak, la vie s’est arêtée il y a 8 ans, presque jour pour jour. Ce jour-là, les avions de chasse turque ont bombardé un groupe de personnes, alors qu’elles traversaient la frontière turco-irakienne, avec des marchandises transportées à dos d’âne. Il s’agissait de villageois dont la seule source de revenus était cette activité.

La longue quête de justice des familles a été semée d’embûches. D’abord ouverte par le Procureur Général d’Uludere, l’information a ensuite été transmise au parquet militaire de l’Etat Major.

Par la suite, le dossier est arrivé devant la Cour constitutionnelle qui l’a rejeté pour cause de « documents manquants ». En dernier lieu, la plainte déposée devant la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) contre la Turquie, par 281 requérants, a été rejetée par l’instance européenne pour motif de « non épuisement des voies de recours internes ».

Des familles frappées par la répression

La répression exercée contre les Kurdes par le gouvernement de l’AKP est une réalité quotidienne depuis l’arrivée au pouvoir du parti islamiste ; elle revêt des formes diverses et variées.

Les familles qui cherchent à obtenir la justice et la vérité sont confrontées à un harcèlement systématique qui vise à les décourager dans leur quête. Après le massacre de Roboski, le gouvernement turc a tout fait pour, non seulement, mettre à l’abri les responsables du massacre, mais aussi, pour s’assurer que les familles des 34 victimes ne puissent obtenir aucune réparation.

La répression à l’encontre des familles des victimes a commencé immédiatement après le massacre. Après avoir vainement tenté d’acheter les familles, les autorités ont commencé à les harceler lentement et de façon continue. 

Dans chaque famille de victimes, des personnes ont été arrêtées et incarcérées, à l’exemple de Ferhat Encu, ancien Député du Parti démocratique des Peuples (HDP), détenu de novembre 2016 à juin 2019.

Par ailleurs, l’Association Roboski pour la paix (Roboski-Der), fondée en 2013 par les familles des victimes, a été fermée par un décret-loi pris en 2017 par le gouvernement turc, au mépris total des droits et libertés fondamentaux.