Dicle Müftüoğlu reste en prison. Un tribunal de Diyarbakir a rejeté une nouvelle fois la demande de mise en liberté de la journaliste kurde
La journaliste kurde Dicle Müftüoğlu est détenue à Ankara depuis mai 2023, accusée de direction et de participation à une "organisation terroriste"

Dicle Müftüoğlu reste en prison. Un tribunal de Diyarbakir a rejeté une nouvelle fois la demande de mise en liberté de la journaliste kurde.

La journaliste kurde Dicle Müftüoğlu reste en détention en Turquie. Un tribunal de Diyarbakir a rejeté jeudi sa demande de mise en liberté. Les juges ont motivé leur décision par l’existence de forts soupçons et le risque de fuite.

Arrêtée dans le cadre d’une rafle menée par les autorités turques à la veille des élections présidentielles et législatives, la rédactrice en chef de l’agence de presse Mezopotamya (MA) est détenue depuis mai dernier à la prison pour femmes de Sincan près d’Ankara. Elle est accusée d’avoir fondé et dirigé une organisation terroriste.

Dans ses accusations contre Müftüoğlu, le parquet s’appuie principalement sur les déclarations de témoins à charge, qui sont également utilisés dans d’autres procès contre des journalistes kurdes.

Le procès de Müftüoğlu doit reprendre le 29 février, selon ses avocats. Turgut Dedeoğlu, secrétaire général du syndicat de la presse DISK Basın-İş, a appelé les journalistes à suivre le procès de manière solidaire. Il estime que la procédure est un « désastre juridique ». « Dicle est accusée dans le théâtre de la justice. Elle est détenue sans base légale et en contradiction avec la conception d’un Etat moderne. D’autres accusés de la même procédure ont été remis en liberté. Elle aussi doit être libérée ».

La journaliste kurde se trouve depuis longtemps dans le collimateur de la justice turque. Fin 2020, elle a été condamnée à un an et trois mois de prison pour avoir partagé sur internet une photo montrant les combats contre l’Etat islamique (EI) à Kobanê en 2014. Elle était alors rédactrice en chef de l’agence de presse DIHA, interdite par décret d’urgence à l’automne 2016 après la prétendue tentative de coup d’État en Turquie. Le tribunal l’avait accusée de « propagande pour une organisation terroriste ». Quelques semaines plus tard, une nouvelle enquête a été ouverte contre elle, également pour une prétendue propagande terroriste sur le web. En juin 2022, la journaliste a été placée en garde à vue pendant 4 jours.