La co-maire du conseil civil de Raqqa, Leyla Mustafa, a reçu le prix du jury du concours « World Mayor » de cette année, en récompense de son engagement dans la reconstruction de la ville après l'occupation par l'État islamique.
Leyla Mustafa, co-maire de Raqqa.

La co-maire du conseil civil de Raqqa, Leyla Mustafa, a reçu le prix du jury du concours « World Mayor » de cette année, en récompense de son engagement dans la reconstruction de la ville après l’occupation par l’État islamique.

En plus du prix « World Mayor », la fondation « City Mayors » basée à Londres a décerné sept récompenses en reconnaissance des efforts et des réalisations des maires dans des domaines tels que la conception de la ville, les relations internationales, l’inclusivité, la durabilité, le développement futur, le service public et l’avancement de la communauté. Le prix du jury 2021 a été décerné à Leyla Mustafa, co-maire de Raqqa, au nord de la Syrie.

La co-maire du conseil civil de Raqqa, Leyla Mustafa, s’est vu décerner le prix du jury « World Mayor » de cette année. Ce prix récompense les efforts de la femme kurde pour reconstruire Raqqa après l’occupation par l’État islamique, a annoncé la fondation « City Mayors » mardi soir à Londres. Les deux premiers prix reviennent à Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam, et à Philippe Rio, maire de la commune de Grigny, dans l’Essonne. 

Leyla Mustafa est co-maire de la ville depuis la création du conseil civil de Raqqa en avril 2017. Née en 1988, elle a fait des études d’ingénieur civil, ce qui représente un atout majeur pour la reconstruction de la ville. Pour comprendre les réalisations de Leyla Mustafa, il est nécessaire de se rappeler le contexte de Raqqa. Une ville ancienne avec des héritages grec, romain, byzantin, ottoman, islamique et catholique ; la capitale du califat de l’État islamique (EI) de 2014 à 2017 ; une ville dévastée après sa libération de l’EI. 

Mme Mustafa dont Raqqa est la ville natale a vécu de près l’occupation de la ville par l’EI. Elle a été témoin des lapidations, décapitations, crucifixions, amputations. Elle a également vu les marchés aux esclaves, où étaient vendues les femmes yézidies enlevées à Shengal.  

La Fondation « City mayors » motive ainsi le prix décerné à la co-maire de Raqqa : « Leyla, une ingénieure civile d’une trentaine d’années, a été coprésidente du Conseil civil de Raqqa (CCR), une assemblée créée en 2017, juste avant la défaite de l’EI, pour reconstruire et restaurer la vie dans la ville.

Leyla est coprésidente avec un coprésident arabe. Une tentative remarquable de réunir des communautés diverses pour travailler ensemble.

À l’horizon de 2017 et de la défaite de l’EI par les Forces démocratiques syriennes (FDS), des milliers d’habitants avaient été forcés de fuir, la plupart des bâtiments avaient été détruits, il n’y avait pas d’infrastructure, ni d’eau courante ou d’électricité et peu de services médicaux. 

Pourtant, en 2020, le musée de Raqqa, autrefois symbole de la diversité du patrimoine culturel, religieux et historique de la ville, était quasiment reconstruit et restauré pour devenir le symbole de la renaissance de Raqqa.

Il y a aussi la reconquête de la place Al-Naim, tout aussi symbolique, qui était autrefois le lieu d’exécution et de mise à mort de l’EI, avec des magasins florissants, des petites entreprises et une vie communautaire animée au quotidien.

On assiste au rétablissement progressif de l’électricité et de l’eau dans toute la ville, à la reconstruction des hôpitaux, des centres de santé locaux et des écoles. 

La restauration des maisons, des marchés de rue, des commerces et de la vie communautaire locale contribue à la renaissance de Raqqa, alors que les gens reviennent progressivement pour essayer de reconstruire leur vie.

Leyla, en tant que coprésidente du CCR, a été la seule figure constante et significative de la reconstruction et de la renaissance de Raqqa depuis 2017. »