Selon les avocats des deux Kurdes jetés d’un hélicoptère de l’armée turque à Van, en septembre dernier, les déclarations récentes des membres du gouvernement turc concernant l’affaire visent à influencer les autorités chargées de l’enquête.
Aucune avancée n’a a été accomplie par les enquêteurs dans l’affaire concernant les tortures infligées par l’armée turque à deux Kurdes, après leur arrestation à Catak, dans la région de Van. Osman Siban et Servet Turgut avaient été torturés par des soldats turc et jetés d’un hélicoptère militaire, le 11 septembre dernier. Tandis que le premier a survécu avec de lourdes séquelles, le second est décédé à l’hôpital quelques jours après l’incident.
Alors que l’enquête est placée sous le secret, les avocats des deux victimes ont déposé un recours devant la Cour constitutionnelle pour « entrave à la liberté de rechercher la justice et au droit à un procès équitable ».
Dans le même temps, les membres du gouvernement turc ont fait des déclarations concernant ces actes de torture portés à l’ordre du jour du parlement turc.
Alors que le ministre turc de l’intérieur, Süleyman Soylu, a accusé les victimes d’être des « militants », le ministre de la défense s’est contenté de répondre par une simple phrase à une question parlementaire portant sur l’affaire.
« Il n’y a aucune information, document ou preuve en notre possession concernant cet incident », a déclaré le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, répondant à une question parlementaire posée par Sezgin Tanrikulu, député du Parti républicain du peuple (CHP).
Soulignant que ces déclarations venant de membres du gouvernement affectent le secret de l’enquête, Baran Bilici, avocat des deux villageois, a par ailleurs estimé que de tels propos visaient à influencer l’enquête. M. Bilici a déclaré en outre que son client Osman Şiban était toujours sous traitement et qu’il donnerait aux enquêteurs son récit des faits dès qu’il irait mieux.
Notant que les investigations sont menées par les auteurs-mêmes des violations, l’avocat a déclaré que toutes les procédures dans lesquelles sont mis en cause des membres des forces de sécurité aboutissaient à l’impunité ou à une peine dérisoire.