Des organisations environnementales demandent l'annulation d'un décret de "reconstruction" pris par Erdogan, le jugeant anticonstitutionnel

Estimant que le décret pris par le président turc Erdogan pour la reconstruction des zones touchées par les séismes ouvre la voie aux illégalités et à la corruption, plusieurs organisations de défense de l’environnement demandent son annulation.

Suite aux tremblements de terre au Kurdistan, en Turquie et en Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a publié un décret qui confère des pouvoirs extraordinaires au ministère de l’Environnement, de l’Urbanisation et du Climat pour la reconstruction des zones sismiques, sans prévoir aucune inspection publique. Craignant que le nouveau décret ne favorise la corruption et, partant, la non-conformité des constructions aux normes sismiques, Plusieurs organisations écologiques et environnementales ont publié un appel pour demander l’annulation du décret.

Soulignant que les conséquences dramatiques des séismes sont dues à la politique de corruption du gouvernement, les organisations signataires déclarent: « Tout le monde sait que notre pays est situé sur des lignes de faille. On sait qu’avant l’établissement de chaque plan de zonage, il faut élaborer des rapports d’étude géologique des zones à planifier. On sait que pour construire, il faut obtenir des permis et qu’avant chaque construction, il faut effectuer des travaux de terrassement et de fondation. Si les conséquences des séismes ont été aussi catastrophiques, c’est en raison du comportement axé sur le profit et le bénéfice, au détriment des principes scientifiques et écologiques et du bénéfice social. »

Pour les auteurs de l’appel, le décret en question a été préparé avec la même logique de profit. Ils contestent en particulier l’absence de transparence des procédures et le fait que celles-ci échappent à tout contrôle. « Le décret prépare le terrain à de nouvelles catastrophes; il ouvre les zones naturelles et agricoles à la construction, sans aucune limitation », indique le texte qui critique par ailleurs l’absence de participation du public aux processus décisionnels.

Estimant que le décret est contraire à la constitution et aux lois, les organisations signataires appellent les partis d’opposition qui disposent d’un groupe au Parlement « à saisir rapidement la Cour constitutionnelle d’une demande d’annulation du décret ».