Interrogés par l’agence de presse ANHA, des habitants de Manbij, au nord de la Syrie, font état de la réduction catastrophique du débit de l’Euphrate dont les eaux sont retenues en amont par la Turquie.
Encouragé par le silence international, l’État turc mène depuis des années une guerre de l’eau qui affecte très durement le nord de la Syrie. Dans la ville de Manbij, située à l’ouest de l’Euphrate, des habitants témoignent des conséquences dramatiques de cet embargo sur l’eau.
Interrogée par Hawarnews (ANHA), Zilîxa Îbrahîm, une habitante de Manbij, dénonce une politique délibérée de la Turquie visant à vider la région pour mieux l’annexer. « La politique la plus dangereuse est de couper l’eau de l’Euphrate, car la retenue des eaux affecte l’agriculture et la production d’électricité », déclare la jeune femme.
« Tout le monde est au courant des politiques de l’État turc envahisseur, ajoute-t-elle. Notre peuple est conscient de toutes les tentatives, de tous les complots et de tous les plans de l’État turc fasciste. Notre volonté ne peut être brisée. Nous nous opposerons à toutes les politiques hostiles au nord et à l’est de la Syrie. »
Et d’appeler les organisations de défense des droits humains à assumer leurs responsabilités pour mettre fin aux crimes de guerre perpétrés par la Turquie dans le nord de la Syrie.
Un autre habitant, Îsa El Elî, du village de Sendeliyê, fait état de la pénurie d’eau potable provoquée par la retenue des eaux de l’Euphrate: « Certaines parties du barrage se sont fissurées en raison de la diminution de l’eau, mais la direction du barrage a résolu le problème. Cependant, l’approvisionnement en eau potable devient de plus en plus difficile. Auparavant, la profondeur de l’eau dans les puits se situait entre 85 et 100 mètres. Elle a atteint aujourd’hui 120 mètres, alors que nous entrons dans le printemps. Je me demande ce qui va se passer pendant la saison estivale. Couper l’eau de l’Euphrate va provoquer une catastrophe majeure pour le peuple syrien. »
El Elî souligne que l’agriculture de la région est sérieusement affectée : « Les coupures d’eau affectent en particulier la production de blé, une source de revenus très importante dans la région. Du fait des faibles précipitations et de l’augmentation des températures, la culture du blé nécessite une irrigation plus abondante. »
Pour finir, le quadragénaire exhorte les organisations internationales à faire pression sur l’État turc pour qu’il mette fin à sa guerre de l’eau.