Les habitants du camp de Maxmur font face à la pandémie Covid-19 malgré l’ambargo

Bien que la pandémie Covid-19 se répande également dans le Sud-Kurdistan (Irak), le camp de réfugiés de Maxmur est toujours soumis à un embargo arbitraire. Les fournitures d’aide et les médicaments sont retenus par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK).

Les infections au coronavirus au Sud-Kurdistan suscitent des inquiétudes dans le camp de réfugiés de Maxmur. D’autant plus que la première victime du Covid-19 au Kurdistan est décédée il y a trois semaines. Si le virus devait atteindre le camp situé au sud-ouest de Hewlêr (Erbil), des milliers de personnes se retrouveraient sans défense. En raison d’un embargo complet, les quelque douze mille habitants ont été isolés du monde extérieur depuis juillet dernier. Les soins médicaux ne sont plus disponibles depuis un certain temps, et la nourriture et l’eau potable sont désormais rares. Les mesures de prévention et de protection appropriées pour empêcher l’introduction de la pandémie ne sont mises en œuvre que dans une mesure modérée en raison du manque d’équipements de protection, de produits d’hygiène et de désinfectants. Les livraisons des organisations de défense des Droits humains – aide humanitaire et fournitures médicales vitales – destinées à remédier aux pénuries du système de santé à Maxmur pendant la pandémie de Covid-19 ne sont pas autorisées. De même, personne n’est autorisé à quitter le camp.

Officiellement sous la protection des Nations unies

Maxmur est officiellement sous la protection et le contrôle du HCR (Haut-Commissariat des Réfugiés). Cependant, l’embargo imposé par le parti au pouvoir de la région autonome du Kurdistan, le PDK, est toujours maintenu. 

Maxmur abrite des personnes qui ont été forcées de quitter leurs villages dans la région de Botan, au Nord-Kurdistan (Turquie) dans les années 1990, en raison de la répression de l’État turc. Après une odyssée de plusieurs années et des séjours dans différents camps, ils se sont installés à la lisière du désert en 1998. Aujourd’hui, Maxmur est une petite ville qui, malgré la pauvreté, les menaces et les attaques constantes, est un lieu de paix et d’autodétermination collective.

L’agence de presse kurde ANF s’est entretenue avec le docteur Muhammed Ünver sur la situation actuelle à Maxmur. Le docteur souligne : « Les fournitures médicales de l’hôpital sont épuisées depuis un certain temps, mais il n’est pas possible d’en acheter de nouvelles. Nous essayons de nous protéger avec des moyens limités contre le risque posé par le Covid-19. Nous avons convoqué un conseil de crise, dans lequel toutes les installations et institutions de Maxmur sont impliquées dans les décisions. Nous avons mis en place une station de quarantaine temporaire où nous accueillerons les personnes qui sont autorisées à quitter et/ou à entrer dans le camp avec un permis spécial pendant 14 jours. Actuellement, environ 70 personnes y sont isolées, elles n’ont montré aucun symptôme jusqu’à présent ».

M. Ünver critique le fait que les mesures prises dans la région autonome du Kurdistan contre la propagation de la pandémie du virus ne tiennent pas compte du camp de Maxmur. « Nous ne sommes tout simplement pas pris en considération comme si nous n’existions pas du tout. Dans le contexte de la pandémie Covid-19, l’embargo prend une nouvelle dimension. Les ressources nécessaires font défaut, en particulier les dispositifs médicaux et les désinfectants nécessaires au maintien de la vie. Nous ne pouvons même pas obtenir de produits d’hygiène commerciaux ».

Appel au gouvernement du PDK et aux agences humanitaires

Le médecin exige la levée immédiate du blocus sur Maxmur et la livraison de médicaments. Il existe une menace d’épidémie incontrôlable du coronavirus avec des conséquences pouvant être dramatiques, qui ne peut être gérée sans aide. « Par conséquent, il faut mettre fin à l’embargo. Nous appelons les organisations d’aide internationale et tous ceux qui travaillent pour les Droits humains à fournir une aide humanitaire et médicale au camp de Maxmur. Sans l’aide dont nous avons besoin maintenant, nous ne pourrons pas lutter contre le coronavirus ».