Selon les dirigeants du HDP, l’actuelle « crise des ambassadeurs » en Turquie est une échappatoire pour dissimuler la véritable crise.
Mithat Sancar et Pervin Buldan, coprésidents du HDP

Selon les dirigeants du HDP, l’actuelle « crise des ambassadeurs » en Turquie est une échappatoire pour dissimuler la véritable crise.

L’appel d’Erdogan à déclarer les ambassadeurs de 10 pays, dont les États-Unis, la France et l’Allemagne, « persona non grata » en Turquie fait la une de la presse internationale. Les coprésidents du Parti démocratique des Peuples (HDP), Pervin Buldan et Mithat Sancar, ont publié un communiqué sur la soi-disant « crise des ambassadeurs », avertissant que la déclaration d’Erdogan « isolera davantage la Turquie au niveau international et l’exposera à un effondrement économique. » De fait, la livre turque a atteint un nouveau seuil plancher après la déclaration d’Erdogan, se situant maintenant à 11,36 TL par rapport à l’euro.

Une politique étrangère « insensée »

Selon les coprésidents du HDP, « l’annonce d’Erdogan déclarant les ambassadeurs ‘persona non grata’ est une nouvelle expression de l’incohérence de la politique étrangère de la Turquie et un moyen auquel les pays ont rarement recours, même en temps de guerre. Cet acte est contraire aux intérêts de la population du pays. Mis à part les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Canada, les pays concernés sont des États avec lesquels la Turquie siège au Conseil de l’Europe. En outre, la Turquie a signé la Convention européenne des droits de l’homme. Il est insensé de traiter ainsi les ambassadeurs de ces pays juste parce que ceux-ci ont appelé la Turquie à se conformer aux décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui a ordonné la libération d’Osman Kavala. »

Le communiqué se poursuit ainsi : « Pour un pays qui est en conflit avec tous ses États voisins, dont la monnaie perd constamment de la valeur, dont la dette extérieure a dépassé 400 milliards et dont une partie importante des ressources est consacrée à la guerre et à l’armement, se faire de nouveaux ennemis est ce qu’il y a de plus néfaste.

L’inexistence d’un pouvoir judiciaire indépendant

Il n’existe plus de pouvoir judiciaire indépendant et impartial en Turquie. Le régime tient ses opposants politiques en otage et son président a clairement indiqué qu’il ne reconnaissait pas les décisions de la Cour constitutionnelle et encore moins celles de la CEDH.

La population paie le prix de la politique d’Erdogan

Le régime tente de se sortir de l’impasse par des crises artificielles. Cette démarche qui tend à l’expulsion des ambassadeurs conduira le pays dans de nouvelles impasses et accélérera la crise économique et la dévaluation de la lire. Au final, c’est la population qui en paiera le prix. Si la Turquie veut vraiment continuer à appartenir au monde civilisé, le président doit lever les obstacles politiques à l’application des décisions de la CEDH.

Le président tente de justifier la détention de notre ancien coprésident par des accusations fausses, illégales et scandaleuses contre Selahattin Demirtaş et son épouse Başak Demirtaş. Nous condamnons cela dans les termes les plus forts possibles. Nous réitérons que nous le tiendrons responsable de ses propos devant la conscience publique et la loi. »