Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a officiellement annoncé la dissolution de sa structure organisationnelle et la fin de toutes les activités menées en son nom, y compris la lutte armée. C’est ce qui ressort de la déclaration finale publiée à l’issue de son 12ᵉ Congrès extraordinaire, tenu du 5 au 7 mai dans des conditions de sécurité renforcées.

Malgré des “attaques aériennes et terrestres, le siège de plusieurs régions et l’embargo imposé par le PDK”, le congrès s’est tenu simultanément dans deux lieux distincts, réunissant 232 délégués. Les discussions ont porté sur l’histoire du mouvement, les figures du leadership, la lutte armée, et les perspectives de société démocratique.

Fin officielle des activités sous le nom de PKK

Le Congrès a estimé que le PKK, fondé en 1978, avait atteint son objectif historique : faire reconnaître la question kurde comme une réalité politique en Turquie. “Les politiques de négation et d’anéantissement imposées à notre peuple ont été mises en échec”, peut-on lire dans le communiqué. Sur cette base, il a été décidé de “mettre fin à la lutte armée et de dissoudre l’organisation”. Le processus de mise en œuvre sera dirigé par Abdullah Öcalan, figure historique du mouvement emprisonnée depuis 1999 sur l’île d’Imralı.

Une lutte de cinq décennies

Le texte revient longuement sur l’histoire du PKK, né en réaction aux politiques d’assimilation héritées du traité de Lausanne et de la Constitution de 1924. À ses débuts, le parti avait adopté les principes du socialisme réel et prôné le droit à l’autodétermination des Kurdes. Pendant plus de quarante ans, il a mené une guerre de guérilla contre l’État turc, marquée par des milliers de morts, des déplacements massifs de population et une répression brutale.

Les années 1990 ont constitué une période charnière, avec un cessez-le-feu annoncé en 1993 à l’initiative d’Öcalan, alors que le président Turgut Özal cherchait une solution politique. Mais l’échec de cette tentative et la poursuite des violences ont entraîné une radicalisation du conflit.

Une nouvelle phase sous le signe du “vivre-ensemble”

Selon le communiqué, la nouvelle orientation du mouvement s’inscrit dans une volonté de reconstruire les relations turco-kurdes sur la base d’une “patrie commune” et de la “citoyenneté égale”. Le concept de “nation démocratique”, développé par Öcalan depuis sa cellule d’Imralı, devient désormais la pierre angulaire du projet politique kurde.

Le congrès appelle les partis politiques, les institutions turques, les ONG, les intellectuels et les syndicats à “prendre leurs responsabilités” et à “participer au processus de paix et de société démocratique”. Il insiste aussi sur la nécessité de reconnaître à Öcalan le droit de participer à la vie politique et de garantir juridiquement le cadre du processus.

“Nos peuples ont besoin de paix, d’égalité, et de justice”

Le texte rend également hommage à deux figures historiques du PKK, Ali Haydar Kaytan et Riza Altun, morts respectivement en 2018 et 2019, et les érige en symboles de fidélité, de vérité et de camaraderie. Le 12ᵉ Congrès leur est dédié, tout comme à Sırrı Süreyya Önder, ancien parlementaire et défenseur du dialogue kurdo-turc, présenté comme un “martyr de la paix et de la démocratie”.

Enfin, le PKK appelle les forces progressistes de Turquie et la communauté internationale à soutenir cette nouvelle orientation. “La fin de la lutte armée offre une opportunité réelle pour construire une paix durable. À condition que toutes les parties s’engagent pleinement ».

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