Le PDK a empêché une délégation d’IPPNW d’enquêter sur les allégations d’usage d’armes chimiques par la Turquie au Sud-Kurdistan.
Les biologistes Jan Van Aken et Josef Savari, membres de l’Association internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre nucléaire (IPPNW) se sont rendus au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak) pour enquêter sur l’usage d’armes chimique dans la région depuis le massacre de Halabja. Le Gouvernement régional dominé par le Parti démocratique du Kurdistan (le PDK) a cependant empêché la délégation de réaliser sa mission.
À l’issue d’une rencontre avec le représentant du Parlement de la région du Kurdistan à Sulaymaniyah, les deux biologistes ont tenu mardi une conférence de presse avec la participation d’Osman Sêderi, membre de la commission parlementaire de la sécurité publique. Dans son discours d’ouverture, le parlementaire s’est dit réjoui de la visite de la délégation au Kurdistan.
Le biologiste Jan Aken, qui mène depuis 25 ans des enquêtes sur les armes chimiques, a déclaré : « La semaine dernière, nous avons visité les monuments à la mémoire des victimes de l’Anfal à Chamchamal et Halabja. Nous avons ensuite visité la ville d’Amêdiye et avons essayé d’atteindre les villages de Hirur et Kanê Masî pour y enquêter sur des allégations d’usage d’armes chimiques dont nous avions été saisis. Nous voulions nous entretenir avec Haci Abdullah, qui a été victime de cet usage. Cependant, le gouverneur du district d’Amêdiye ne nous a pas permis de nous rendre sur les lieux et d’y procéder à une enquête. »
La délégation internationale a appelé le gouvernement régional du Kurdistan (KRG) à demander aux Nations unies une enquête sur l’utilisation d’agents chimiques dans la région et à soumettre le rapport d’enquête à l’Organisation mondiale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Les représentants d’IPPNW ont demandé par ailleurs au KRG de leur permettre d’enquêter afin de prévenir des massacres tels que celui de Halabja.
La guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) fait régulièrement état de l’usage par la Turquie d’armes interdites dans ses opérations transfrontalières, surtout depuis qu’Ankara a lancé une opération de grande envergure dans la région en avril dernier. Cependant, alors que le PDK dirigé par le clan Barzani collabore avec la Turquie, l’OIAC reste sourde aux appels des organisations kurdes qui demandent une enquête.