Le parlement néerlandais a reconnu le massacre perpétré par l’EI contre la communauté yézidie comme un génocide et un crime contre l'humanité
La chambre basse du parlement néerlandais a reconnu mardi le génocide yézidi

La Chambre des représentants des Pays-Bas a reconnu le massacre perpétré par l’EI contre la communauté yézidie comme un génocide et un crime contre l’humanité.

Une majorité des membres de la chambre basse des Pays-Bas a voté hier, mardi 6 juillet, la proposition de loi déposée par la députée CDA (Appel chrétien-démocrate) Anne Kuik, reconnaissant ainsi les crimes de l’État islamique (EI) contre la communauté yézidie comme un génocide et un crime contre l’humanité.

Parallèlement à la reconnaissance du génocide, quatre autres résolutions ont été adoptées par la chambre des représentants. Les témoignages des Yézidis pourront désormais être entendus dans les procès contre les membres de l’EI aux Pays-Bas, et les victimes du génocide auront droit à une compensation. Le parlement néerlandais veut par ailleurs œuvrer pour que les membres de l’EI soient traduits en justice là où ils ont commis leurs crimes. Les législateurs demandent en outre au gouvernement néerlandais d’aider à la reconstruction de Shengal (Sinjar).

Auparavant, le Parlement européen, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et la Chambre des représentants des États-Unis avaient qualifié de génocide les atrocités commises par l’EI contre les Yézidis et les chrétiens à partir de 2014. Dernièrement, une reconnaissance du génocide yézidi avait également été votée par parlement belge. Emboîtant le pas à la Belgique, les Pays-Bas ont renforcé la pression pour une reconnaissance du génocide au niveau international.

En mai, une équipe d’enquête des Nations unies avait conclu que les crimes commis par l’EI contre les minorités ethniques et religieuses, notamment les Yézidis, constituaient un génocide. Cependant, celui-ci n’a toujours pas été reconnu par le Conseil de sécurité des Nations unies, ni par un tribunal international.

Le dernier génocide des Yézidis a commencé le 3 août 2014, avec l’offensive lancée par l’EI sur Shengal, principale zone de peuplement yézidi, au Sud-Kurdistan (Irak). Les habitants qui ont pu fuir se sont dirigés vers les montagnes, la plupart à pied, dans la chaleur torride de cette journée d’été. Beaucoup d’enfants et de personnes âgées sont morts de soif en chemin ou dans les montagnes, faute d’aide humanitaire. Les hommes qui n’ont pas pu s’enfuir ont été froidement exécutés. Des milliers de femmes et de fillettes yézidies ont été enlevées, maltraitées, violées et vendues sur les marchés aux esclaves de l’organisation djihadiste. Les garçons enlevés ont été formés pour devenir des kamikazes. Selon des estimations récentes, au moins 10 000 personnes ont été tuées et plus de 400 000 ont été déplacées. Quelque 2 500 femmes, hommes et enfants yézidis sont portés disparus à ce jour.