5 mois après la libération de Kobanê, un gang de l’EI entré dans la ville avec le soutien de la Turquie, a massacré 233 civils.
Mihemmed Hebib se recueille sur la tombe de son épouse tuée le 25 juin 2015 dans un massacre mené à Kobanê par un gang de l'EI 5 mois après la défaite de l'organisation djihadiste dans cette même ville

5 mois après la libération de Kobanê, un gang de l’EI entré dans la ville avec le soutien de la Turquie, a massacré 233 civils et blessé des centaines d’autres.

Le 26 janvier 2015, l’État islamique (EI) a été vaincu à Kobanê par les Unités de Défense du Peuple et des Femmes (YPG-YPJ). Cette défaite a marqué le « début de la fin » pour l’organisation djihadiste, donnant un coup d’arrêt à son expansion territoriale.

La défaite de l’EI a également été une grande défaite pour la Turquie. Pour le président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui avait déclaré à l’époque « Kobané est sur le point de tomber », cela signifiait que tous ses plans avaient échoué. Le régime turc et l’organisation islamiste n’ont pas digéré cette débâcle. Le 25 juin 2015, un groupe de terroristes est entré dans Kobanê depuis la Turquie, tirant sur tout ce qui bouge sur son passage. Pas moins de 233 civils, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été massacrés et des centaines d’autres blessés.

27 civils ont été tués dans le seul village de Berxbotan connu pour le lourd tribut payé par ses habitants dans la résistance contre l’EI. Le village compte ainsi 30 combattants tombés dans la lutte contre les organisations djihadistes.

 UN FILS TUÉ SOUS LES YEUX DE SA MÈRE

L’un des témoins du massacre, que l’on appelle la mère Eyş, dont le fils a été tué dans le massacre, décrit cette journée comme suit :

« Je me suis réveillée pour le sahur [repas avant le jeûne du Ramadan]. J’ai entendu des coups de feu. J’ai demandé à mon fils ce que c’était. Mon fils m’a dit : ‘ce sont des mercenaires, rentre tout de suite’. Je lui ai demandé de venir dans la maison avec moi. Mais il a répondu qu’il ne viendrait pas et qu’il les combattrait jusqu’au bout. Trois mercenaires sont entrés et ont regardé dans les pièces. Il faisait sombre à l’intérieur, mon petit-fils s’est caché derrière moi, ils ne nous ont pas vus. Puis ils sont sortis et sont entrés dans la maison de notre voisin. Ils ont tué sept personnes dans cette maison. Mon fils était devant la porte, ils l’ont également abattu. Plus tard, ils ont fui et se sont dirigés vers Kobanê. »

ILS SONT VENUS POUR SE VENGER, MAIS ONT ÉTÉ VAINCUS À NOUVEAU

Un autre habitant du village de Berxbotan, Mihemmed Hebib, qui a perdu sa femme dans le massacre, raconte cette journée atroce dans ces termes : « Le 25 juin 2015 a été un jour sombre pour nous. L’EI était furieux de la défaite essuyée à Kobanê. Il a voulu se venger en attaquant Kobanê et ses villages. Les mercenaires ont commencé à attaquer de partout. C’était le Ramadan, les villageois se sont réveillés pour le sahur. On a d’abord vu passer des voitures, puis ils ont commencé à attaquer. Les habitants du village ont riposté. Au cours de cette attaque, 27 personnes ont été tuées dans le village, dont ma femme. Quatre personnes de la famille de ma femme ont également été tuées. Les mercenaires sont restés dans le village pendant quatre heures. Cependant, grâce à la résistance des villageois et des combattants YPG-YPJ, les mercenaires ont été chassés du village à huit heures et demie du matin. »