Sur le mur, est tagué en kurde: "Vive la résistance des prisons"

Après le coup d’État militaire de 1980, la répression a fait rage en Turquie. En entamant un jeûne de la mort dans la prison de Diyarbakir, les prisonniers du PKK Kemal Pir, Mehmet Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek ont allumé la flamme de la résistance.

Le coup d’État militaire du 12 septembre 1980 a déclenché une tempête de répression qui a conduit à l’emprisonnement de milliers d’opposants au nom de l’intégrité et de l’indivisibilité du pays. Le seul moyen des prisonniers de résister contre les conditions inhumaines de détention était la grève de la faim. Les prisonniers de la geôle de Diyarbakir, connue sous le nom d’ « enfer d’Amed », ont été parmi les premiers à s’engager dans la grève de la faim.

Les détenus de la terrible prison de Diyarbakir étaient victimes de tortures et de sévices d’une rare cruauté, destinées à briser toute conviction, idéal ou idéologie. C’est pour dénoncer ces traitements inhumains systématiques qu’ils sont entrés en grève de la faim. Certains ont abandonné, tandis que d’autres ont persisté. D’autres encore, comme Mazlum Dogan, Ferhat Kurtay, Eşref Anyık, Necmi Öner et Mahmut Zengin, se sont immolés par le feu dans leur cellule.

Le 14 juillet 1982, quatre membres fondateurs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Kemal Pir, Mehmet Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek, sont passés de la grève de la faim au jeûne de la mort. Ils exigeaient « la fin de la torture, de la discipline militaire et de l’uniforme ». Leur action n’est pas restée cantonnée à l’intérieur des murs de la prison; elle a permis d’envoyer un message fort de résistance aux mouvements révolutionnaires, une incitation à renforcer la lutte contre le régime fasciste. Après 55 jours de jeûne, Kemal Pir a perdu la vie à l’âge de 20 ans. Le Laze originaire de région de la mer Noire est encore aujourd’hui honoré comme l’incarnation de l’esprit radical et internationaliste du mouvement kurde.

Mehmet Hayri Durmuş, Akif Yılmaz, Kemal Pir et Ali Çiçek (de gauche à droite)

Ses compagnons, Mehmet Hayri Durmuş, Ali Çiçek et Akif Yılmaz, sont également morts à l’issue de cet acte ultime de résistance face à l’oppression. Le Jeûne de la mort des prisonniers de Diyarbakir est depuis lors commémoré par le PKK comme la « grande résistance du 14 juillet ». Deux ans plus tard, le 15 août 1984, le mouvement de libération kurde allait prendre les armes pour lutter contre le régime dictatorial turc.