Le 14/07/1982, dans la prison de Diyarbakir, des prisonniers du PKK entamaient un jeûne de la mort pour dénoncer les conditions inhumaines
Manifestation en hommage aux martyrs du 14 juillet 1982

Le 14 juillet 1982, dans la tristement célèbre prison de Diyarbakir, plusieurs prisonniers membres du PKK entamaient un jeûne de la mort pour dénoncer les conditions inhumaines de détention qui régnaient sous le régime putschiste.

Kemal Pir, révolutionnaire turc originaire de la région de la mer Noire, est l’un des fondateurs du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Le 14 juillet 1982, il annonce, avec trois autres membres du parti – Hayri Durmuş, Akif Yılmaz et Ali Çiçek – le début d’un jeûne de la mort dans la prison de Diyarbakir. Les quatre militants trouveront la mort dans cette résistance contre le régime putschiste turc qui avait pris le pouvoir en décembre 1980.

Kemal Pir meurt au 55e jour de la grève de la faim, à l’âge de 30 ans. Depuis ce jour, il est révéré comme l’incarnation de l’esprit révolutionnaire et internationaliste du mouvement, une figure qui lie les peuples turc et kurde en lutte.

L’auteur du récit ci-dessous, Fuat Kav, militant politique et écrivain kurde exilé en Europe, a passé 20 ans dans les geôles turques, dont 8 ans dans la tristement célèbre prison de Diyarbakir. En tant qu’acteur de la résistance dans les prisons et victime des tortures les plus abominables,  il est l’une des rares mémoires vivantes de l’histoire réduite au silence derrière les murs des prisons turques. Voici un extrait du livre « Mavi Ring » (le fourgon bleu) dans lequel Fuat Kav relate ses souvenirs restés intacts de la lutte des prisonniers politiques dans la prison infernale de Diyarbakir.

Kemal était une légende. Tel un chevalier luttant pour sa vie, il poursuivait sa résistance contre la mort. Il résistait moment après moment, cellule après cellule. Mais la mort était déjà à sa porte, il avait atteint la fin de sa vie physique.

« Je dois être le premier à mourir. Je dois être le premier à fermer les yeux », avait-il dit dans les premiers jours du jeûne de la mort. Il est resté fidèle à ses paroles. Cependant, il était maintenant dans l’obscurité. Après un certain temps, il ne pouvait plus que rêver du monde, des étoiles, du soleil, de la lune et de la lumière. Parce que ses yeux ne voyaient plus. Le sourire dans ses yeux ardents qui illuminait ses amis n’existait plus.

« Mes yeux ne voient plus. Tout est sombre… Wow ! Voilà à quoi ressemble le monde des aveugles ! Je comprends maintenant combien la vie doit être cruelle pour eux », dit-il soudain un soir à Hayri.

« Tu ne vois pas du tout, Kemal ? », demande Hayri en rassemblant toutes ses forces.

« Non, rien. L’obscurité totale… Mais ce n’est pas important. Mes jours sont finis de toute façon. Je ne veux pas que les gardiens le sachent. Sinon, ils s’en serviront contre moi. »

« Ne parle pas comme ça, Kemal. Qui sait qui s’en ira en premier ? »

« Non, je dois être le premier à mourir. Ne t’inquiète pas pour ça. »

« Je ne pourrai pas supporter la mort d’un autre ami, Kemal. Comme toi, je pleure aussi du sang. Que Mazlum [Mazlum Dogan, membre fondateur du PKK, s’est immolé dans la prison de Diyarbakir le 21 mars 1982, jour du Newroz] soit mort avant nous, que les quatre amis [Ferhat Kurtay, Mahmut Zengin, Eşref Anyık et Necmi Öner, morts le 18 mai 1982 après s’être immolés par le feu] se soient sacrifiés, tout cela m’a profondément blessé. Et maintenant… »

« Je te comprends. Nous avons vécu ensemble des jours extrêmement douloureux. Je suis pleinement conscient des responsabilités. Néanmoins, je dis ‘je dois être le premier à mourir’. S’il te plaît, comprends-moi, d’accord ? »

Ce n’est qu’en changeant de sujet que Hayri pourrait mettre fin à la discussion sur le souhait insupportable de Kemal.

Il voulait changer l’ordre du jour en posant une question sur un sujet sans rapport : « Quelqu’un connaît-il la chanson ‘Ağlama yar ağlama/mavi yazma bağlama’ [en turc, « Ne pleure pas être cher, ne te couvre pas du voile bleu »] ? C’est une chanson incroyable. J’ai toujours envie d’écouter cette belle chanson qui exprime si bien la douleur, la solitude et la nostalgie de la mère. Ce serait tellement bien si quelqu’un pouvait la chanter. Y a-t-il quelqu’un ici qui connaît cette chanson ? »

Bien que personne ne connaisse la chanson, il fallait la chanter maintenant, car Hayri l’avait voulu. Mais personne n’était assez talentueux pour la chanter. C’était comme si on avait spécialement sélectionné des gens privés de talents musicaux pour le jeûne de la mort ! La seule personne qui connaissait des chansons par cœur était Mustafa Karasu.

Il ne connaissait qu’une ou deux chansons. À la demande de Hayri, il a fait de son mieux pour rassembler ses lambeaux de mémoire. En fait, ils avaient tous chanté cette chanson lors d’une de leurs soirées récréatives. Mais personne n’aurait été capable de se souvenir de toutes les paroles.

« D’accord, chantons-la tous ensemble », a dit Karasu. « Nous pouvons y arriver, si nous chantons en chœur ». Et Ils ont vraiment réussi. Mais si la question se posait de savoir « comment » ils ont chanté, la réponse serait « affreux ». À la fin de la chanson, Karasu a réussi à éviter les critiques en disant « Nous avons chanté, même si nous avons rendu la chanson méconnaissable. Mais peu importe, on a chanté après tout. » Hayri a applaudi la chorale.

« Karasu, j’ai participé moi aussi. Ne crois pas que vous étiez les seuls à chanter », intervint Kemal.

« Je ne sais pas, Kemal. Pour être honnête, je n’ai pas entendu ta voix. Je n’ai pas ressenti de signe de ta part. »

« Quel genre de signe attendais-tu ? »

« Un vrai signe. J’ai senti des signes de la part de tous les autres amis qui chantaient, mais je n’en suis pas si sûr pour toi. »

« Si tu ne l’as pas entendu, c’est que ça vient de toi. J’ai chanté, et je ne vous permettrai pas de nier mon travail. »

« Bien, je vais écouter plus attentivement cette fois. »

« Connais-tu la chanson ‘Eşkıya dünyaya hükümdar olmaz’ [Le bandit ne peut pas diriger le monde], Karasu ? »

« Non, je ne la connait pas. Ou plutôt, je ne me souviens pas de toutes les paroles. Mais je suis sûr que nous pouvons la chanter en chœur. »

« D’accord, chantons-la. Je vais chanter aussi, mais ne me dis pas que tu n’as pas eu un signe après, d’accord ? »

« D’accord, d’accord. Je vais écouter attentivement cette fois. Voyons voir. »

La « chorale » avait fait ce que Kemal souhaitait. Pendant le refrain, la voix distinctive de Kemal s’élevait. Il avait la voix la plus profonde de tous et parce qu’il chantait fort, le son était juste incroyable. Sa voix riche et profonde résonnait dans la cellule de la prison. Il était impossible pour Karasu de ne pas le remarquer.

« Tu as eu le signe cette fois, Karasu ? », demanda Kemal quand la chanson fut terminée.

« Je l’ai eu, en effet. Un grand signe en fait, cher Kemal. Nous pourrions maintenant t’accepter dans notre chorale, ha ! » Il était vraiment impressionné par la voix de Kemal.

« Vous avez dit que vous ‘pourriez’, c’est bien ça ? »

« Non, non, pas ‘pourrions’. Je me corrige : Nous t’acceptons. »

« D’accord, Karasu. J’ai besoin de me reposer un peu. »

« Repose-toi, Kemal. Je vais dormir aussi. On n’a pas dit quel jour on est, où on est, où on est allé, ce qu’on a vu en route, et si on a combattu des fascistes aujourd’hui, camarade Kemal. »

« C’est vrai ! Aujourd’hui, c’est le 47e jour de notre action. Cela signifie que nous sommes à Mardin aujourd’hui. Je dois dire que j’aime beaucoup Mardin, l’une des villes les plus dynamiques, historiques et multiculturelles du Kurdistan, une véritable mosaïque colorée de peuples. Aujourd’hui, j’ai visité ses sites historiques, je suis monté sur la forteresse, j’ai examiné son architecture avec fascination. Malheureusement, je n’ai pas pu combattre les fascistes, car il n’y a pas de fascistes à Mardin. Mais je dois dire que j’ai discuté avec quelques chauvins sociaux. »

« Je me suis promené en silence. Comme j’étais fatigué, je suis entré dans la forteresse. Là, j’ai acheté de l’eau à des enfants qui en vendaient. Pendant un moment, je n’ai pu m’empêcher de penser à tous les conquérants qui ont pris cette ville au cours de l’histoire. Quand j’ai pensé à tous les tyrans, despotes et bourreaux qui ont dû brûler et détruire cette ville à plusieurs reprises, les oppresseurs de notre époque me sont venus à l’esprit. Sont-ils plus scrupuleux que les anciens tyrans ? Kemal, tu m’écoutes… ? »

Kemal s’était endormi, plongeant dans des espaces au-delà des limites de la pensée. Sa faiblesse due à la faim, à la soif et à l’épuisement l’avait transporté dans ces lieux.

Le corps de Kemal ne pouvait plus supporter la situation. Il avait perdu ses yeux, ainsi que son énergie. Sa conscience allait et venait. Comme ses yeux ne voyaient plus, il allumait souvent sa cigarette du côté filtre. Parfois, il se taisait, mais la plupart du temps, il parlait. Il parlait sans discontinuer. Les tentatives des médecins et des gardiens d’inciter les prisonniers à renoncer à leur action le mettaient très en colère ; il criait et parfois jurait. Le médecin de la prison, Orhan Özcanlı, faisait tout pour convaincre Kemal d’arrêter son action.

« Regarde, Kemal. Tu es en train de mourir, la mort s’approche de toi pas à pas. Réfléchis-y, tu arrives à la fin de ta vie. Tu es sur le point d’émigrer de ce monde. Laisse tomber cela. Il n’y a pas de fin à cette route… »

« Docteur, regarde-moi bien ! Ouvre tes oreilles et écoute. Grave mes mots dans ta tête. Je me suis engagé dans cette lutte en toute connaissance de cause. Je suis bien conscient que la mort m’attend au bout du chemin. Je sais aussi que je suis au bout de ce chemin en ce moment même. Je peux sentir la présence de la mort et de son bourreau. Je peux les entendre respirer. »

« La vie est belle, Kemal. Tu devrais aimer la vie. Même si les humains sont mortels, ils veulent vivre dans ce monde et donc ils craignent immensément la mort. C’est pourquoi, c’est un mensonge de prétendre qu’on n’a pas peur de la mort. Nous voyons comment ceux qui prétendent être les plus vaillants et les plus courageux, tremblent de peur face à la mort. Et puisque tu es aussi humain, tu as sûrement peur toi aussi. Mais je peux encore te sauver, même dans l’état où tu es… »

« Pour qui me prends-tu, docteur ? Tu n’as toujours pas appris à me connaître ? Je suis Kemal Pir. Sans vouloir me vanter, j’ai ouvert les yeux à la vie sur les rives de la mer Noire. C’est avec les attributs de cette région que j’ai appris la vie dans sa forme la plus solide, la plus pure, parmi des gens authentiques, qui savaient être amis des amis et ennemis des ennemis. Je suis Kemal Pir, j’ai rencontré des gens de soixante-douze nations sur les terres d’Anatolie, avant de me consacrer à la liberté du peuple kurde. Ai-je été assez clair ? »

« Oui, mais… »

« Il n’y a pas de ‘mais’ dans cette affaire, docteur. Je me suis présenté à toi tel que je suis, sans exagération ni mensonge, de manière honnête, dans un langage clair. Mais si tu dis encore ‘mais’ après ça, c’est votre problème. »

« Mais la vie est différente, Kemal. Peu importe comment tu te décris, personne ne peut s’empêcher de penser la même chose face à la mort. La peur de la mort est un sentiment terrifiant. Elle crée un tremblement de terre d’émotions. C’est un tremblement de terre qui peut te priver de toute humanité. »

« Enfin, j’entends quelque chose de correct sortir de ta bouche. »

« Qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Ce n’est pas clair ? »

« Je parle de la vie et de la peur. Je dis que chaque humain est le même face à la mort. Tout le monde a peur de la mort. Quiconque se trouve dans cette situation tremble comme s’il avait de la fièvre. Même si cette personne est Kemal Pir. »

« Écoute, docteur. Je suis pleinement conscient du sens de la vie et de la mort. Je sais exactement qui a peur de la mort et qui tremble devant elle. Je sais aussi que nous menons des vies mortelles et je connais les notions de paradis et d’enfer dans l’au-delà. C’est toi et tes semblables qui ne connaissez pas ces choses. Vous ne comprenez pas et, même si vous comprenez, vous agissez comme si vous ne compreniez pas. Et je vais te dire autre chose, docteur. »

« Je t’en prie. »

« J’aime la vie à en mourir. Regarde, tu en es témoin. Tu verras de tes propres yeux comment je meurs pour la vie, comment je sacrifie ma vie sans ciller, comment je m’accroche à la vie en mourant… »

« Tu mourras pour rien, Kemal, pour rien. Ta mort ne servira à rien. Tu dois vivre pour atteindre ton but, quel qu’il soit. Sinon, personne n’agira en fonction de tes objectifs. C’est une fantaisie éphémère et inutile de rêver d’être un ‘héros’. Je n’y vois aucun sens. Qu’une personne devienne un héros après sa mort, qu’on érige des statues pour elle, qu’on écrive des livres ou produise des films en son hommage, cela n’a aucune signification pour moi. Quand on est mort, on est mort. »

« Tu ne crois en rien de toute façon. Tu es une personne sans but, qui ne pense pas à l’avenir, un rejeton de la vie, qui n’a rien à offrir aux enfants du futur. C’est pourquoi tu portes sur tout un regard matérialiste et utilitariste. Tu penses que tout ce qui s’est produit fait partie du passé et que seuls ceux qui verront l’avenir devraient s’en préoccuper. Vivre, penser et concevoir le présent. C’est pourquoi tu ne peux pas comprendre l’héroïsme ou le courage. »

« Je reste convaincu que personne dans le futur ne s’interrogera sur toi, personne n’érigera de statue, n’écrira de livre, ne produira de film sur toi, en disant ‘il était une fois un homme courageux de la Mer Noire, qui a perdu sa vie pour nous pendant le jeûne de la mort’. Peut-être qu’un groupe marginal commémorera ton nom juste pour tuer le temps, mais tu ne deviendras jamais un héros pour une nation ou un peuple. Retiens bien ces mots, Kemal. »

« Pourquoi tu continues à parler d’héroïsme et de postérité ? Une personne ne peut-elle simplement remplir ses devoirs sociétaux et historiques ? Pourquoi avez-vous besoin de voir quelque chose en retour ? »

« Nous parlons d’un sujet sérieux, de la mort, Kemal. Bien sûr qu’il doit y avoir quelque chose en retour. Tu vas mourir, alors, il faudrait au moins que tu sois un héros, que ton nom soit retenu, que des livres te rendent hommage. »

« Les choses dont tu parles, ces titres n’ont pas d’importance. Ce qui compte, c’est le devoir et la responsabilité. Penser qu’il devrait y avoir une récompense pour tout est scandaleux. C’est l’expression extérieure d’un état intérieur de perte de soi et de rupture avec sa réalité, son âme et sa raison d’être. »

« Je ne cesserai de te demander ceci : pour quel objectif précis vas-tu mourir ? Tu vas mourir pour un but vide de sens, pour rien ; une vie gaspillée. En tant que personne, qui connaît bien l’État, je te dis que l’État ne s’adressera pas à toi. Même si vous mourez tous, si chacun d’entre vous sors d’ici dans un cercueil, notre État sublime ne vous prendra pas au sérieux. Sache-le. »

« Après toutes les atrocités que nous ne cessons de dénoncer, tu continues à être un type raide, têtu et obstiné. Je ne pense pas que tu sois médecin, tu n’es probablement jamais passé devant le département de médecine. Tu pourrais être un boucher, un bourreau, un assassin, ou peut-être un monstre. Mais il est impossible que tu sois un médecin. »

« Tu m’insultes, Kemal. On discute, on parle et parfois on se dispute. Mais on ne devrait jamais être insultant. »

« Toutes tes paroles sont pleines d’insultes. C’est impossible de discuter de quoi que ce soit avec toi. Une personne devrait au moins avoir la capacité de parler et de discuter comme un être humain. »

« Quoi qu’il en soit, tu ne dois pas m’insulter. »

« Si tu parles ainsi, non seulement je t’insulterai, mais si j’en avais le pouvoir, je te combattrais. Sache-le. »

« Je ne voudrais pas insulter ou faire une injustice à une personne dont le cou est entre les griffes de l’ange de la mort. Tu vas mourir de toute façon, tu es en train de faire ton dernier voyage. Tu fais tes adieux à la vie. »

« Est-ce ainsi que l’on parle à une personne qui meurt pour ses idéaux ? Est-ce que ça convient à un médecin ? »

« Je peux te sauver, je peux te soigner et te ramener à ton ancienne forme. Reviens avant qu’il ne soit trop tard, Kemal. »

« Je meurs pour mes convictions. C’est pourquoi ma mort n’est pas vaine. Je me suis consacré à la cause de l’humanité. Je meurs pour l’humanité. Je suis redevable au peuple kurde. C’est une autre dimension particulière de mon combat, de ma lutte. Mais tu ne comprends pas et ne comprendra jamais cela ! »

« Très bien, j’ai fait ce que j’ai pu. Je me suis libéré de tout remord. Même si tu me supplies de le faire, à partir de maintenant, je ne te sauverai pas ! De toute façon, je sais tout ce que tu fais en secret… »

Les autres prisonniers témoins de la conversation, ont voulu intervenir, mais ont finalement renoncé. Ils étaient contrariés que le médecin les accuse de manger en cachette. Ils se sont demandés si de telles choses arrivaient aussi dans d’autres parties du monde. On pourrait s’attendre à ce que l’ennemi réserve une certaine forme de respect face à des gens qui affrontent la mort pour défendre leurs croyances. Ceci, cependant, était la forme ultime de piétinement de la dignité humaine.

« Regarde-moi, docteur ! »

« Oui, Kemal, je te regarde. Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que tu as à dire ? »

« Tu insinues que j’ai mangé en cachette ?! Peu importe, tu es une personne dépourvue d’honneur de toute façon… Regarde docteur, dans quelques jours, tu verras que je n’ai pas mangé. »

« Peu importe, Kemal. Si tu veux quitter le jeûne, je t’emmène à l’hôpital. N’oublie pas, si je fais ça, il y aura quelque chose en retour. »

« Éloigne-toi de moi ! Votre capitaine bourreau et même son supérieur, votre larbin de général, n’ont pas été capables de me mettre à genoux. Et tu penses que tu peux y parvenir, toi ? Vas-t-en tout de suite. Je ne veux pas te voir ! »