La détention à perpétuité sans droit à l'espoir est une forme de mort lente, estime l’avocat français Etienne Lesage.
Etienne Lesage, avocat au Barreau de Paris et vice-président de l'ONG Défense sans Frontières.

La détention à perpétuité sans droit à l’espoir est une forme de mort lente, estime l’avocat français Etienne Lesage.

Cela fait plus de trois ans que l’on n’a plus aucun signe de vie d »Abdullah Öcalan. Détenu dans la prison turque de l’île d’Imrali depuis plus de 25 ans, le leader kurde est privé de toute communication avec le monde extérieur depuis le 25 mars 2021, date à laquelle il a eu une brève conversation téléphonique avec son frère. De par son silence, le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), seule instance internationale habilitée à visiter la prison d’Imrali, ouvre de facto la voie à l’aggravation de l’isolement.

Tandis que la campagne « Liberté pour Öcalan, solution politique à la question kurde », lancée mondialement le 10 octobre, continue de s’étendre, Étienne Lesage, avocat au Barreau de Paris et vice-président de l’association Défense sans Frontières, s’est entretenu avec l’agence de presse Firat News (ANF) sur l’aspect juridique de l’isolement d’Imrali, en marge d’une conférence à Bruxelles sur les prisonniers politiques, le 11 avril dernier.

Position ambigüe du CPT

Considérant que l’isolement d’Öcalan était contraire à la dignité humaine, M. Lesage a déclaré que ce traitement constituait une violation de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) à laquelle la Turquie est partie. « Tout État qui met à l’isolement une personne détenue devrait être poursuivi pour acte de torture », a-t-il ajouté.

Questionné sur la façon dont il interprète la position du CPT concernant les conditions de détention dans la prison insulaire d’Imrali, l’avocat français a qualifié celle-ci d’ambigüe: « Il y a manifestement, entre les relations diplomatiques et la préservation des droits de l’homme, un conflit qu’il faudrait régler dans le sens des droits de l’homme et non pas dans le sens d’un régime qui se comporte de manière autoritaire. Le silence de l’Europe sur cette question est inquiétant. C’est pourquoi les avocats de tous les pays européens devraient rappeler à l’Europe son devoir de respecter le droit international. »

La peine perpétuelle équivalente à la peine de mort

« Au-delà de 25 ans de détention, on est dans des traitements qui sont dégradants et inhumains au sens du droit international », a expliqué M. Lesage. Pour le juriste français, la peine perpétuelle est incompatible avec le droit international, car elle constitue un traitement inhumain et dégradant équivalent à la peine de mort. Et d’ajouter: « C’est une forme de mort lente sans perspective aucune d’espoir donné à la personne qui est détenue. Cette absence de perspective est contraire aux conventions internationales. »