La Cour suprême d’Iran a confirmé la condamnation à mort de Pakhshan Azizi. L’avocat de la militante kurde dénonce une décision qui viole les règles du procès équitable. La confirmation de la condamnation à mort d’Azizi coïncide avec une recrudescence des exécutions en Iran, ce qui ne manque pas de susciter l’inquiétude.
Le 8 janvier 2025, la Cour suprême iranienne a confirmé la condamnation à mort de la prisonnière politique kurde Pakhshan Azizi, ignorant d’importants vices de procédure. Cette décision intervient dans un contexte plus large d’augmentation des exécutions en Iran. Le 24 juillet 2024, le juge Iman Afshari, chef de la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, avait prononcé la peine de mort initiale à l’encontre de Pakhshan Azizi.
Selon Amir Raisian, avocat de la militante kurde, la Cour suprême n’a pas tenu compte des nombreux vices de procédure et des erreurs de fond de l’affaire ». M. Raisian a souligné que « Pakhshan Azizi n’a jamais été impliquée dans des opérations armées, ni pris part à des organisations militaires. Le tribunal a ignoré des preuves essentielles démontrant que ses activités dans les camps de réfugiés du nord de la Syrie étaient entièrement de nature humanitaire ».
La confirmation de la peine de mort prononcée à l’encontre d’Azizi suscite de vives inquiétudes dans un contexte d’augmentation des exécutions en Iran. La militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi a réagi à la décision de la cour suprême sur le réseau X (anciennement Twitter): « La confirmation de la condamnation à mort de Pakhshan Azizi reflète la détermination du régime à intensifier la répression à l’encontre des femmes et à se venger du magnifique et puissant mouvement ‘Femmes, vie, liberté’ [Jin Jiyan Azadî] ». La lauréate du prix Nobel de la Paix a appelé les organisations internationales de défense des droits humains et les Nations unies à s’unir contre cette politique d’exécution qui vise à instiller la peur au sein de la société.
De son côté, Volker Türk, Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a exprimé sa vive inquiétude face à la hausse alarmante des exécutions en Iran, soulignant en particulier l’augmentation sans précédent du nombre de femmes condamnées à la peine capitale. Selon le haut commissaire, 901 personnes ont été exécutées en Iran en 2024, ce qui représente le nombre le plus élevé de ces neuf dernières années. Il s’est dit particulièrement inquiet de l’augmentation du nombre d’exécutions de femmes. 31 ont été exécutées l’année dernière. Türk a appelé les autorités iraniennes à cesser les exécutions et à abolir la peine de mort de leur système juridique.
Condamnée à mort pour « insurrection armée »
Pakhshan Azizi a étudié le travail social à l’université Allameh-Tabatabai de Téhéran, où elle a été arrêtée pour la première fois en novembre 2009. Elle était alors accusée d’avoir participé à des manifestations d’étudiants contre l’exécution de prisonniers politiques kurdes. Libérée sous caution en mars 2010, elle a ensuite quitté l’Iran pour la région du Kurdistan d’Irak où elle a vécu plusieurs années.
Arrêtée à nouveau le 4 août 2023 à Téhéran par des agents du ministère du renseignement, Pakhshan Azizi a été incarcérée à la prison d’Evin. Elle travaillait alors comme journaliste. Plusieurs membres de sa famille arrêtés au même moment ont été libérés à l’issue d’un interrogatoire de plusieurs jours. Selon le Réseau des Droits humains au Kurdistan (KHRN), la prisonnière a été gravement torturée, tant physiquement que psychologiquement. Jusqu’à son inculpation et son transfert devant le Tribunal révolutionnaire islamique, elle s’est vu refuser l’accès à une assistance juridique.
En juillet dernier, le réseau KHRN a annoncé que cette Kurde originaire de Mahabad avait été condamnée à mort pour « insurrection armée » en lien avec son appartenance présumée au Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK).