Le 20 janvier 2018, la Turquie lançait une opération d’invasion contre la ville Afrin, utilisant pour cela tout son arsenal militaire

Le 20 janvier 2018, la Turquie lançait une opération d’invasion contre la ville d’Afrin, au nord de la Syrie, utilisant pour cela tout son arsenal militaire.

L’invasion d’Afrin par l’armée turque, l’une des plus puissantes de l’OTAN, a commencé il y a quatre ans jour pour jour. Aux frappes aériennes ont rapidement succédé les attaques terrestres menées avec l’appui des mercenaires de l’Armée nationale syrienne (ANS), une formation créée en 2017 par Ankara pour suppléer l’armée turque dans ses opérations d’invasion.

Quelques temps auparavant, la Russie et la Turquie étaient parvenues à un accord à Astana. Celui-ci prévoyait le retrait des mercenaires pro-turcs de la Ghouta. En échange, la Russie a ouvert à la Turquie l’espace aérien au-dessus de la région d’Afrin, lui donnant carte blanche pour envahir la ville qui comptait alors près de 350 000 habitants, majoritairement kurdes.

En moins de 20 jours, la Turquie et ses supplétifs ont lancé cinq attaques meurtrières contre la population d’Afrin. La première a eu lieu le 20 janvier. Elle a visé une zone au sud de la ville d’Afrin, causant la mort d’une vingtaine de travailleurs et d’un enfant. La deuxième a touché le 21 janvier le village de Jalabra, dans le district de Sherawa. Ici, 10 civils ont été tués et 12 autres blessés.

La troisième attaque a eu lieu le 26 janvier, dans le centre du district de Mobata, tuant 6 civils. La quatrième attaque a été lancée le 28 janvier. Elle a visé le village de Kobla, dans le district de Sherawa. 8 personnes ont été tuées, 7 blessées et 10 disparues. La cinquième attaque a été menée le 9 février contre le village de Shakta, dans le district chiite. 7 personnes ont été tuées.

L’invasion s’est intensifiée, encouragée par le silence international

Encouragées par le silence international, les attaques turques se sont intensifiées. Le 16 mars, l’armée turque a ciblé l’hôpital Avrin, tuant plus de 16 civils, et faisant de nombreux blessés, dont des enfants.

La violence de l’invasion militaire turque a déplacé des centaines de milliers de personnes qui ont dû fuir vers la région limitrophe de Shehba.

Déplacements forcés et changement démographique

Après l’occupation de la ville d’Afrin le 18 mars 2018, la plupart des citoyens ont été déplacés de force et la Turquie et ses mercenaires ont institué un régime de terreur dans la région. Le port du Niqab est devenu obligatoire pour les femmes, tandis que les enlèvements, la torture, le viol des femmes, le pillage et la destruction de sites archéologiques sont devenus le quotidien de la population.

En plus d’installer des familles de mercenaires pour changer la démographie d’Afrin et effacer son identité, les occupants ont changé les noms des établissements, des villages et des villes en turc et en arabe ; ils ont hissé des drapeaux turcs et mis des portraits du président turc Recep Tayyip Erdogan sur tous les bâtiments publics. Les récoltes d’olives ont été saisies et l’huile volée et exportée vers les marchés mondiaux en Espagne et en Amérique.

Plus de 8 063 civils enlevés en quatre ans d’occupation

Selon les rapports de l’Organisation des Droits humains d’Afrin, plus de 8 063 civils ont été enlevés au cours de quatre années d’occupation. Alors que la plupart ont été libérés en échange du paiement d’une rançon, le sort de plus d’un tiers d’entre eux est encore inconnu.

Plus de 655 civils ont perdu la vie, dont 498 morts dans les bombardements turcs et 90 tués sous la torture. Plus de 696 personnes ont par ailleurs été blessées à la suite des bombardements turcs, dont 303 enfants et 213 femmes.

Plus de 333 900 oliviers et divers arbres forestiers ont été abattus, et plus d’un tiers des terres agricoles, soit l’équivalent de 11 000 hectares, ont été brûlées depuis l’occupation d’Afrin.

Les familles de mercenaires installées à Afrin

84 familles de mercenaires ont été installées dans le village de Maarska à Shera ; 2 200 dans le village de Maryamin ; 69 dans le village de Trinada ; 100 dans le village de Maarat ; 60 dans le village de Mulla Khalil, à Jenderes.

De même, dans le district de Sherawa, environ 1 250 mercenaires ont été installés dans le village d’al-Ghazawiya, 500 dans le village d’Iska, 560 entre les villages d’Al-Ghazawiya et Burj Abdalo.

Avec le financement et le soutien d’organisations européennes et du Golfe, et la supervision de l’Organisation turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD), la Turquie a travaillé à la construction de complexes de peuplement dans la plupart des villes et districts du canton occupé d’Afrin, et établi plus de 30 camps et 30 colonies dans la région.

Selon les derniers chiffres, la Turquie a installé près de 400 000 personnes dans les villages et districts d’Afrin.

Destruction des monuments historiques

Les monuments historiques et les sites archéologiques n’ont pas été épargnés par la brutalité de l’occupation turque. Selon la Direction des antiquités d’Afrin, au moins de 59 sites archéologiques et 28 sanctuaires religieux de diverses confessions ont été vandalisés et détruits.