Le 26 janvier 2015, les YPG/YPJ proclamaient la libération de Kobanê. C’était la première défaite de l’EI et le début de sa fin.
Le drapeau des YPG brandi sur une colline de Kobanê en signe de libération de la ville le 26 janvier 2015

Le 26 janvier 2015, les YPG/YPJ proclamaient la libération de Kobanê. C’était la première défaite de l’EI et le début de sa fin.

En septembre 2014, l’avancée de l’organisation terroriste État islamique (EI) n’a pas seulement secoué le Moyen-Orient, mais aussi le monde entier. Après la prise sans combat de Mossoul dans le nord de l’Irak et l’invasion génocidaire de Shengal, la milice djihadiste, suréquipée, notamment avec des armes prises dans les stocks irakiens, avait porté son attention sur le Rojava, et en premier lieu sur Kobanê. La ville était depuis longtemps une épine dans le pied de l’EI – l’un des derniers lieux de résistance contre le califat autoproclamé ayant pour capitale Raqqa, dans le nord de la Syrie.

L’EI tombait à pic pour Ankara, qui cherchait à se débarrasser de la présence des Kurdes le long de sa frontière avec la Syrie. Une prise de contrôle de la région stratégique de Kobanê par l’EI aurait empêché l’unification des cantons autonomes du nord de la Syrie. Par ailleurs, la symbolique jouait également un rôle : la révolution du Rojava devait être étouffée là où elle avait commencé, autrement dit à Kobanê où elle avait été proclamée le 19 juillet 2012.

L’invasion de Kobanê a commencé le 13 septembre 2014. La milice terroriste a d’abord encerclé la ville de trois côtés, avant que l’attaque proprement dite ne commence avec l’aide de la Turquie. En l’espace de quelques jours, près de 300 villages ont été envahis et des centaines de personnes ont été massacrées. L’attaque a provoqué une énorme vague d’exode. Jusqu’à 300.000 personnes auraient alors traversé la frontière turque pour se réfugier à Suruç.

Dans un élan de solidarité unique, des millions de personnes à travers le monde sont descendues dans les rues pour réclamer un soutien aux combattants YPG/YPJ de Kobanê. Le 1er novembre 2014 a été déclaré Journée mondiale de Kobanê. Pendant ce temps, le président turc Erdoğan se mettait en scène en tant que protecteur de l’EI et annonçait triomphalement la chute de Kobanê, tandis que le secrétaire d’État américain John Kerry déclarait qu’aussi regrettable que cela puisse être, il n’interviendrait pas, car Kobanê n’avait pas « d’importance stratégique ». Il s’est alors passé quelque chose que ni l’un ni l’autre n’avaient prévu : Le dernier mot a été donné par ceux qui se battaient pour Kobanê. La résistance acharnée de Kobanê et la mobilisation mondiale ont marqué un tournant décisif.

La coalition internationale anti-EI s’est vue contrainte d’intervenir. Les avions américains ont bombardé des points stratégiques de l’EI. Parallèlement, les YPG/YPJ ont libéré la ville depuis le sol : Maison par maison, rue par rue, quartier par quartier. Au total, Kobanê a résisté durant 134 jours, avant d’être entièrement libérée le 26 janvier 2015. Cette victoire est considérée comme la première défaite de l’EI, mais surtout la plus décisive. Des milliers de membres ont été tués lors de la libération des deux derniers quartiers de la ville. Au total, on estime que l’EI a fait environ 6 000 morts à Kobanê.

Aujourd’hui, Kobanê est de nouveau attaquée par la Turquie qui cherche à occuper toute la bande frontalière du nord de la Syrie. Après avoir envahi Afrin en 2018 et les région de Serêkaniyê (Ras al-Aïn) et Girê Spî (Tall Abyad) en 2019, Ankara et ses supplétifs djihadistes lorgnent sur Kobanê.