Aujourd’hui marque le 37ᵉ anniversaire de l’attaque chimique perpétrée contre la ville kurde de Halabja, au Kurdistan du Sud. Cet événement tragique, l’un des pires crimes de guerre du XXᵉ siècle, s’inscrit dans la politique de répression systématique menée par Saddam Hussein contre le peuple kurde.

À la fois outil de terreur et terrain d’expérimentation pour des armes chimiques et biologiques, cette attaque visait à écraser toute contestation.

L’usage d’armes chimiques contre les Kurdes

Saddam Hussein fut le premier dirigeant moderne à employer des armes chimiques à grande échelle contre la population kurde. Entre 1987 et 1988, son régime a orchestré des attaques chimiques sur une quarantaine de villages kurdes, expérimentant ces armes sur des milliers de civils innocents. L’attaque la plus meurtrière eut lieu en mars 1988, lorsque la ville de Halabja fut frappée avec une violence inouïe.

Les armes chimiques utilisées à Halabja

L’objectif de cette attaque était d’exterminer le plus grand nombre de civils possible. Une première salve d’explosions brisa les vitres des habitations, facilitant ainsi la propagation des gaz toxiques.

Le régime de Saddam Hussein utilisa un mélange de gaz moutarde et d’agents neurotoxiques pour maximiser les effets meurtriers. Le gaz moutarde attaquait les voies respiratoires, causant des brûlures internes, tandis que le sarin, le tabun et le VX affectaient les yeux et le système nerveux, entraînant une paralysie et une mort rapide.

Des survivants ont rapporté que l’un des gaz répandus avait une odeur sucrée, semblable à celle des fleurs de pommier, incitant les victimes à inspirer profondément avant d’être frappées par le poison. Un autre gaz agissait comme un agent paralysant, faisant s’effondrer les personnes sur place. Un troisième gaz, plus lourd que l’air, s’infiltrait dans les zones les plus basses, condamnant tous ceux qui tentaient de se protéger en s’abritant dans des caves ou en s’accroupissant au sol.

Hommes, femmes et enfants ont succombé sans distinction, alors que les vapeurs toxiques pénétraient dans leurs habitations et les lieux où ils tentaient de trouver refuge. Outre les pertes humaines immédiates, les substances chimiques ont contaminé l’eau, les sols et la faune, laissant des séquelles environnementales et sanitaires durables.

Les conséquences du massacre de Halabja

En l’espace de quelques heures, environ 5 000 civils, dont de nombreuses femmes, personnes âgées et enfants, ont perdu la vie. Plus de 10 000 autres ont été blessés, souffrant de cécité et d’autres affections irréversibles.

Dans les années qui ont suivi, des milliers de personnes ont succombé aux séquelles de l’attaque, victimes de maladies, de cancers ou de malformations congénitales dues à l’exposition aux substances toxiques. Des milliers d’autres ont été contraints à l’exil, laissant derrière eux une ville en ruines.

Le massacre de Halabja demeure l’un des crimes les plus atroces du régime de Saddam Hussein. Il symbolise la souffrance du peuple kurde et illustre l’ampleur de la répression systématique dont il a été victime. Trente-sept ans plus tard, les survivants et les familles des victimes réclament toujours justice et reconnaissance pour ce génocide chimique.