Hakkari : une ville kurde ruinée par les administrateurs

Après la destitution par le gouvernement turc des co-maires HDP de la municipalité de Hakkari et leur remplacement par un administrateur, l’état de la ville kurde s’est rapidement détérioré. 

La municipalité de Hakkari avait été saisie une première fois en 2015, alors qu’elle était gérée par le Parti démocratique des Régions (DBP, composante régionale du HDP). Jusqu’aux élections municipales du 31 mars 2019, la ville était gouvernée par un administrateur. Durant cette période, tous les services fournis auparavant par le DBP ont été suspendus. Les quartiers de la ville, en particulier le centre, se sont rapidement détériorés.

L’ère des administrateurs dans la municipalité de Hakkari a pris fin le 31 mars 2019, à la suite des élections locales qui ont été remportées par le Parti Démocratique des Peuples (HDP). Au cours des 6 premiers mois de son mandat, le HDP a réparé les routes et les trottoirs, asphalté les rues et apporté de l’eau potable à la ville. Hakkari est redevenue une ville propre, mais le 18 octobre 2019, le gouvernement de l’AKP a une nouvelle fois démis de leurs fonctions les co-maires du HDP et les a remplacés par un administrateur. Une fois de plus, les services publics ont été perturbés. 

Les quartiers de Hakkari semblent aujourd’hui à l’abandon. Il n’y a plus de service de nettoyage, ni d’entretien des routes principales sur lesquelles des trous se sont formés. Lorsqu’il pleut, les rues sont couvertes de boue et de marres, ce qui rend l’accès aux véhicules et aux piétions quasiment impossible. Malgré les protestations des citoyens, aucune mesure n’a été prise à ce jour. La municipalité de Hakkari qui devrait servir la population, ne sert en réalité que les soldats et la police.

Un citoyen de Hakkari, qui a demandé à garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, a déclaré que la situation de la ville était déplorable. Indiquant que des fosses très profondes s’étaient formées sur les routes, il a ajouté : « Les routes ont été abandonnées. Le syndic connaît la situation mais n’agit pas. Les administrateurs ne sont pas là pour servir les citoyens. Nous n’en voulons pas. Nous avons exprimé notre volonté et élu nos maires, mais le gouvernement a usurpé notre volonté. »